C - Le contexte local et global du développement de l'innovation
Les innovations bénéficient d'un buzz local et de « global »
pipelines. Les innovations se développent à la fois localement et dans un monde global.
Les innovations se développent dans un contexte local/global. La géographie sert de plateforme pour organiser l'activité dans un contexte plus large. Certains lieux génèrent, plus que d'autres, des innovations qui vont structurer les innovations d'autres localisations. Ces ressources locales pour produire l'innovation ne peuvent pas être enfermées dans les frontières d'une firme, ni d'un territoire. La part innovante de la chaîne de valeur peut être spatialement concentrée.
L'agglomération joue donc un rôle central en matière d'innovation. La question est de savoir ce qui explique ce phénomène.
L'agglomération géographique
De nombreux auteurs ont recherché un fondement théorique à l'agglomération géographique.
Dans les années 70 se développe un courant de pensée Italien qui cherche à renouveler les approches issues de Marshall : c'est l'idée de district Marshallien qui regroupe des firmes de taille moyenne qui coopèrent dans des secteurs comme l'habillement, la machine-outil et qui font la richesse de l'Italie du Nord. En Suisse, Maillat et Crevoisier se sont intéressés aux milieux innovateurs, notamment dans la mécanique de précision et l'horlogerie.
D'autres travaux importants s'intéressent aux coopérations technologiques et aux dynamiques des technopoles. Tous s'interrogent sur la question des liens entre développement économique et espace.
Remarque : L'école Française de la proximité
Au milieu des années 90, un petit groupe d'économistes français s'est intéressé au lien entre proximité et innovation en observant le paradoxe d'une société dans laquelle les innovations se diffusent rapidement, mais sont aussi très concentrées dans des espaces particuliers comme la Silicon Valley. Leur originalité était d'ouvrir un programme de recherche sur la proximité et ses différentes formes en mettant en évidence les logiques des interactions dans l'espace, aussi bien « proches » qu'à « distance ».
Comment comprendre le jeu des relations locales (la géographie compte) et globales (la communication à distance se développe). Les très nombreuses recherches publiées ne seront pas reprises ici (voir Bouba Olga et Alii 2008[1], Carrincazeaux et Alii 2008[2]). En fait, il existe de multiples formes de proximité et la proximité géographique n'est qu'une des formes possibles. Appartenir à la même institution, organisation ou communauté n'implique pas une proximité géographique dans les sociétés modernes. Les interactions entre les individus peuvent nécessiter des relations « localisées », notamment dans des situations de co-création, mais peuvent aussi se développer à distance lorsque ces relations sont moins tacites et plus formelles.
Le Nobel de Paul Krugman (2004) viendra couronner le retour de la géographie au sein d'une science économique qui a négligé fondamentalement cette dimension depuis les travaux fondateurs de Hotelling.
Il existe des forces contraires de dispersion et d'agglomération des activités :
les forces centrifuges sont liées à la baisse des coûts de mobilité, de congestion, d'encombrement (externalités négatives) ;
les forces centripètes sont liées à des externalités positives (comme des spillover de connaissance) ;
ces analyses sont au centre de l'explication des forces d'agglomération urbaines ou d'échange international (Fujoita, Krugman et Venables 2004).
Définition : Comment expliquer l'agglomération dans une vision Marshallienne ?
Un marché du travail spécialisé lié à une division du travail va amener certaines zones à concentrer géographiquement certains types de main d’œuvre.
L'existence d'inputs variés locaux peut expliquer la localisation des firmes.
L'existence d'effets de débordements technologiques ou de connaissance (spillovers) peut amener les firmes à se localiser près des sources de connaissance.