Environnement économique et social
CoursOutils transverses

L'euro

a) Historique de l'euro

Le site de l'Union européenne (http://europa.eu/index_fr.htm, rubrique l'UE en bref) propose un dossier sur l'historique de l'euro dont les principales étapes sont résumées dans l'encadré Histoire de l'euro : Points de repères.

Le passage définitif à l'euro en 2002 a été une réussite. Seul point controversé, pendant plusieurs années, l'euro a-t-il eu ou non des conséquences inflationnistes ? Différentes enquêtes auprès des citoyens de la zone euro ont montré en effet un fort décalage entre la perception du niveau d'inflation par les consommateurs et le taux d'inflation constaté à partir de 2002. Si le passage à l'euro s'est effectivement accompagné d'une accélération de la hausse des prix, l'effet a été temporaire et l'inflation est vite revenue aux rythmes antérieurs (autour de 2% annuels). Comment expliquer cet écart entre la réalité et la perception des ménages ? L'encadré l'euro est-il inflationniste ? donne plusieurs explications dans le contexte français.

Histoire de l'euro : points de repères

• 1er janvier 2008 : Adhésion de Chypre et Malte à la zone euro.

• 1er janvier 2007 : La Slovénie adhère à la zone euro.

• 1er janvier 2002 : Mise en circulation de l'euro dans sa forme fiduciaire, avec une période de double circulation.

• Septembre 2001 : Les pièces et billets en euros arrivent dans les banques des Etats de la zone euro.

• 1er janvier 1999-31 décembre 2001 : L'euro est utilisé de manière exclusive sur les marchés financiers et peu à peu dans les paiements scripturaux.

• 1er janvier 1999 : Création de l'UEM. Les taux de change des devises nationales des Etats participants sont fixés à l'euro et les membres de la zone euro appliquent désormais une politique monétaire commune.

• 1998 : Onze Etats membres répondent aux critères d'adhésion à l'UEM (la Grèce sera le douzième en 2001). La BCE est inaugurée en juin à Francfort.

• 1995 : Le Conseil de l'UE adopte le nom "euro" pour la monnaie unique.

• 1993 : Entrée en vigueur du traité de Maastricht qui prévoit, entre autres, la mise en place d'une UEM avant 1999.

• 1989 : Le plan Delors qui prévoit la mise en place d'une Union économique et monétaire (UEM) en trois étapes.

• 1988 : Les chefs d'Etat et de gouvernement demandent à la Commission européenne d'élaborer un calendrier pour la mise en place de la monnaie unique.

• 1986 : Signature de l'Acte unique européen qui prévoit la création d'un marché unique avant 1992.

• 1979 : Mise en place du Système monétaire européen (SME) qui utilise l'ECU (European Currency Unit) comme mécanisme de change.

L'euro est-il inflationniste ?

En 2002, avec l'introduction de l'euro, les prix ont augmenté d'environ 0,2 % en France. Le saut a été particulièrement fort pour les produits à faible prix en raison des effets d'arrondi : 6 % en moyenne pour le café servi en salle d'août 2001 à avril 2002. Cette poussée s'est produite dans tous les autres pays de la zone. Partout, elle est restée temporaire et l'inflation est vite revenue à son rythme antérieur. Pourtant, au même moment, un décrochage se produit dans la perception des ménages de tous les pays de la zone euro qui ont l'impression que l'inflation augmente brutalement. Cette rupture est plutôt moins accentuée en France mais elle est aussi beaucoup plus durable.

Plusieurs types de raisons peuvent être avancés pour expliquer ce décrochage : des raisons d'ordre psychologique, mais aussi des raisons économiques, sans rapport avec l'introduction de l'euro. Tout d'abord, juger les prix en euros est très difficile pour nombre de consommateurs qui raisonnent encore mentalement par rapport au franc. Cette perte de repères est naturellement plus forte en France où la conversion est compliquée : en arrondissant, on a 1 EUR = 6,56 FRF, tandis que, en Allemagne, par exemple, le calcul est plus simple avec 1 EUR = 2,00 DEM.

Un second effet est plus important. Les consommateurs sont surtout sensibles aux prix des produits qu'ils achètent fréquemment : par exemple les produits alimentaires ou le carburant. Or il se trouve que ce sont eux qui augmentent le plus rapidement. Pour d'autres biens – automobiles, appareils ménagers, matériel informatique, Hi-Fi,... – les prix baissent ou augmentent moins. Le gain, pourtant très réel, de pouvoir d'achat n'est pas directement perceptible : les consommateurs ne gardent pas en mémoire les prix du passé lointain, surtout s'ils étaient exprimés dans une monnaie différente.

Des éléments sans rapport avec l'introduction de l'euro sont aussi intervenus et les évolutions de prix relatifs en France ont été inhabituellement divergentes. Tout d'abord, la législation du commerce a limité la concurrence, si bien que des hausses de prix importantes ont été observées dans la grande distribution au moment du passage à l'euro. Certains observateurs soulignent que parmi les produits dont les prix ont augmenté le plus rapidement, on trouve des services fournis par des salariés rémunérés majoritairement au SMIC. C'est le cas de plus de 50 % des salariés de l'hôtellerie-restauration. En contrepartie des hausses du SMIC intervenues depuis 2001 (« coups de pouce » et rattrapages résultant de la réduction du temps de travail), il y a eu cependant des allègements de charges. Au total, même s'il est difficile de trancher le débat, cela suggère que la hausse des prix de certains biens peut être influencée par les politiques publiques.

Ensuite, certains prix dits « réglementés », c'est-à-dire déterminés par les pouvoirs publics, ont également augmenté beaucoup plus fortement que la moyenne au cours des années récentes : les prix du tabac, ceux du transport ferroviaire de voyageurs (trains, métros). Enfin, les prix de certains produits de consommation courante ont eu des évolutions de grande ampleur, à la hausse mais également parfois à la baisse, en raison de facteurs largement externes : les carburants, avec les hausses de prix du pétrole, ou les fruits et légumes frais suite aux perturbations climatiques. La succession de ces hausses sur des produits différents mais très visibles a naturellement influencé les perceptions de l'inflation. La divergence accrue dans les évolutions de prix relatifs a d'autres conséquences : tous les Français ne subissent pas la même inflation. Ces écarts peuvent alimenter l'impression d'une inflation générale plus élevée.

Source : Banque de France • Rapport annuel • Exercice 2006 – p.28

b) Organisation et fonctionnement de l'eurosystème

• La Banque centrale européenne (BCE)

Depuis le 1er janvier 1999, les décisions de la politique monétaire unique relèvent de la BCE. La politique monétaire est, au sein de la BCE, définie par le Conseil des gouverneurs. Le Directoire de la BCE est chargé de mettre en œuvre la politique définie. La mise en œuvre est assurée de façon opérationnelle par les banques centrales de chaque pays. Autrement dit, le marché monétaire de l'euro est fait “éclaté” en autant de marchés qu'il y a de pays membres. Sur les marchés, les banques centrales nationales (BCN) opèrent et effectuent les mêmes missions ou interventions qu'auparavant. Elles ont simplement perdu le droit d'émettre leur propre monnaie et de définir la politique monétaire.

La BCE a pour seule mission de maintenir la stabilité des prix. Celle-ci est définie comme une progression sur an de l'indice des prix à la consommation harmonisé (même indice calculé dans chaque pays) inférieure à 2 % dans la zone euro.

• Les instruments de la politique monétaire

Les instruments sont classés en trois catégories : les opérations d'open market, les facilités permanentes et les réserves obligatoires.

• Les opérations d'open market. Les opérations principales de refinancement en constituent l'essentiel. Elles servent à alimenter le marché monétaire en liquidité (en euros) à travers la prise en pension de fréquence hebdomadaire. Le taux d'intérêt sur ces opérations constitue le principal taux directeur de l'Eurosystème qui est annoncé chaque mercredi par la BCE.

A côté de ces opérations principales, on trouve d'autres techniques comme la mise en pension (qui permet le retrait de liquidité) ou les swaps de change qui consistent en achat ou vente temporaire d'euros contre des devises (ex : pour alimenter de façon temporaire le marché monétaire, la BCE vend des euros contre des dollars qu'elle rachètera ensuite à terme).

• Les facilités permanentes. Elles permettent aux établissements bancaires d'ajuster leurs opérations en fin de journée et d'obtenir ou de prêter des liquidités. Elles se composent de la facilité de dépôt qui permet d'absorber les liquidités excédentaires et de la facilité de prêt, dit marginal, qui permet de couvrir des insuffisances de liquidités. Ces deux opérations s'accompagnent bien sûr d'un taux d'intérêt. Le taux d'intérêt sur la facilité de dépôt constitue le taux d'intérêt minimal du marché monétaire et celui sur la facilité de prêt constitue le taux d'intérêt maximal. L'écart entre les deux taux est de 200 points de base (2 %). Au milieu se trouve le taux directeur. Ainsi, les taux d'intérêt du marché de l'euro suivent un “corridor” centré sur le taux directeur des opérations principales de refinancement : si le taux directeur est de 3,25 %, le taux minimal sera de 2,25 % et le taux maximal de 4,25 %. Le taux d'intérêt au jour le jour, qui résulte des échanges quotidiens entre les acteurs du marché, fluctue au sein du corridor ainsi défini. Ce taux au jour le jour est appelé EONIA (euro overight index average) ou TEMPÉ en français (taux européen moyen pondéré).

• Les réserves obligatoires. Ce sont les avoirs que les établissements de crédit doivent déposer auprès de leur banque centrale nationale. Les RO permettent d'amortir les fluctuations du taux au jour le jour.

Pour en savoir plus : voir le site de la Banque de France http://www.banque-france.fr où l'on trouvera divers documents sur l'organisation de l'Eurosystème et sur les orientations de la politique monétaire de la BCE.

La théorie de la zone monétaire optimale (ZMO) et ses implications pour le processus d'intégration européenne (page suivante)Le processus d'intégration régionale et ses avantages (page Précédente)
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