Rationalité des comportements financiers

Biais comportementaux

Les biais sont des erreurs de jugement permanents : les individus ne raisonnent pas comme le prédit la théorie de la décision. Il importe donc de changer de théorie. C'est ce qu'ont entrepris Kahneman et Tvserky[1] avec la théorie des perspectives.

Ils proposent notamment deux modifications : l'aversion aux pertes et comptabilité mentale.

DéfinitionL'aversion aux pertes

L'aversion aux pertes est une déformation des probabilités subjectives réalisée par les individus. Elle a été proposée par Kahneman et Tversky [1979][1] pour rendre compte de la différence d'attitude des individus suivant qu'il risque de gagner ou de perdre.

Les individus abandonnent alors un raisonnement en terme d'utilité espérée de la richesse totale, pour se concentrer sur la variation attendue de richesse. La perspective d'une perte dans une loterie est ainsi évaluée isolément des perspectives de gains et peut engendrer une défiance telle que l'individu refuse de participer au jeu.

Ainsi, la perspective de pouvoir perdre de l'argent en plaçant son épargne sur des actions incite l'individu à opter pour des obligations dont le rendement est plus sûr.

DéfinitionLa comptabilité mentale

La myopie est induite par des routines liées au traitement de l'information, qualifiées de comptabilité mentale par Kakhneman et Tversky. La comptabilité mentale est l'ensemble des routines mises en œuvre lors du traitement de l'information. Trois traits s'avèrent particulièrement marquants : la perception des décisions passées, la décomposition des décisions par compartiments distincts et enfin la fréquence des évaluations des choix réalisés.

La myopie implique directement les deux derniers traits. Les individus mais aussi les gérants professionnels raisonnent période par période de façon contextualisée sans rechercher une cohérence inter-temporelle. Les compensations possibles entre les pertes et les gains liées aux fluctuations inhérentes des cours ne sont plus permises. L'agent réagit immédiatement à une variation d'utilité.

Quand la fréquence des évaluations croît, les réactions se font plus rapides ; les agents raisonnent de façon compartimentée à court terme en ne considérant que les variations d'utilité advenues entre les deux évaluations.

Ce phénomène de myopie serait particulièrement observé dans la gestion collective par délégation où les sanctions suite à de mauvaises performances sont immédiates. Les pertes subies sur le marché des actions incitent la vente rapide des titres mais aussi un repositionnement vers des titres moins risqués, comme les bons du trésor. Dès lors, le prix des obligations est structurellement plus fort et les rendements attendus moindre, les actions étant à l'inverse avec des prix structurellement bas et des rendements plus élevés.

Remarque

La présence conjuguée d'aversion aux pertes et de myopie explique, selon Benartzi et Thaler (1996)[2] l'écart très fort entre le rendement des actions et celui des obligations. Des études ultérieures ont précisé que pour parvenir à expliquer la prime, il était nécessaire de supposer une fréquence très courte d'évaluation.

  1. Kahneman Daniel et Tversky Amos

    KAHNEMAN D., TVERSKY A., [1979], Prospect Theory : an Analysis of Decision under Risk, Econometrica, 47, 2, 263-292.

  2. Benartzi, Schlomo et Thaler Richard H., 1996

    BENARTZI S., THALER R.H., [1996], Myopic Loss Aversion and the Equity Premium Puzzle, Quarterly Journal of Economics, n° 110, 1996, pp. 75-92.

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