D - De l'usage des marchés-actions par les firmes
Le marché des actions a un rôle fondamental dans l'innovation, mais son utilisation diffère selon la taille de l'entreprise.
Les start-ups
Chez les start-ups qui sont parvenues à la cotation, le marché des actions va servir à la fois :
de moyen de se financer lors de l'introduction en bourse ou d'augmentation de capital ;
de moyens d'attirer des chercheurs ou du personnel hautement qualifié, y compris assez bas dans la hiérarchie de l'entreprise, en les rémunérant en stock options plutôt qu'en salaire fixe ;
un moyen de faire des acquisitions pour obtenir les compétences complémentaires au développement de l'entreprise.
Enfin, ces sociétés ne distribuant pas de dividendes, c'est la spéculation haussière sur le titre qui permet de rémunérer les actionnaires.
Les grosses entreprises
Au contraire, dans les grosses capitalisations, les critères de la valeur pour l'actionnaire poussent les sociétés à maximiser le rendement des capitaux propres. Ceci suppose donc d'éviter de pratiquer les augmentations de capital de façon à ne pas diminuer le dividende par action.
Ces sociétés utilisent donc leur trésorerie pour racheter leurs actions et distribuer du dividende, ce qui peut amener parfois à rationner les investissements en R&D.
Ainsi, le marché boursier ne finance pas l'innovation des grandes entreprises. Ces dernières utilisent plutôt l'autofinancement ou la dette pour augmenter leur effet de levier. Les stocks options sont distribués uniquement aux dirigeants.
Enfin, comme pour les PME, le marché boursier est utilisé comme moyen d'acquérir des sociétés.
Exemple :
Ainsi, par exemple, une société de biotechnologie comme Diaxonhit ne distribue pas de dividendes et se finance par augmentation de capital sur le marché boursier.
Au contraire, Sanofi distribue des dividendes et occasionnellement rachète ses propres actions pour soutenir le cours de bourse de la société.
Le caractère pro-cyclique entre le marché de capitaux et l'innovation
Il en résulte le caractère pro-cyclique entre le marché de capitaux et l'innovation :
Dans une période de bulle, éventuellement alimentée par des innovations radicales, les financements coulent à flots sur les start-ups, les introductions en Bourse se multiplient et le capital-risque lève des fonds, tandis que les grosses capitalisations ne sont pas obligées de pratiquer les rachats d'actions.
C'était le cas lors de la bulle internet à la fin des années 90.
Cependant, en phase de retour (Bear), les start-ups ont du mal à se financer, tandis que les grandes firmes rachètent leurs actions et maintiennent des dividendes élevés, au prix d'une réduction de leurs investissements en R&D, réduisant la probabilité d'innover.
Ainsi, si on résume, la volatilité des marchés de capitaux va amplifier le caractère cyclique de l'innovation.