Les structures industrielles et l'innovation

V - Firmes et compétences pour innover

Quelles sont les compétences clés pour pouvoir innover ?

Il faut d'abord avoir des compétences internes à l'entreprise.

En 1965, Scherer mettait en avant une relation entre degré de diversification et dépenses de R&D. Toutefois, cette relation est complexe et très souvent liée au secteur d'activité. Cette relation justifierait des économies de gammes, comme le montrent Henderson et Cockburn (1996)[1] pour le secteur pharmaceutique. Le nombre de brevets déposés est lié à la diversité des programmes de recherche dans lesquels la firme est engagée.

Cette relation s'expliquerait par des effets de complémentarités internes de la firme sur sa capacité à innover.

Cette idée, plus récente, a été développée par Teece ( 1986[2], 1987[3]). La performance en matière de R&D dépend de son intégration avec les autres fonctions de la firme (marketing notamment). Les actifs de la firme devraient être co-spécialisés pour que la recherche soit efficace. Les compétences doivent donc être complémentaires.

Se pose donc la question de la compétence pour innover.

Les liens entre sciences et industrie

Cockburn et Henderson (1998)[4] mettent en avant deux éléments qui expliqueraient les différences de productivité des firmes en matière de R&D au sein d'un même secteur :

  • l'expertise de la firme dans son domaine technologique, incluant une connaissance du domaine disciplinaire concerné ;

  • la capacité de la firme à acquérir de la connaissance, y compris à l'extérieur de ses frontières.

Se pose donc ici la question des liens entre sciences et industrie :

  • Comment la firme insère t-elle ses chercheurs dans les réseaux de recherche ?

  • Quelle politique de publication/brevet mène t-elle avec ses partenaires scientifiques (co-publication, co-dépôt) ?

L'incitation à innover dépend aussi de l'organisation

Une des raisons du succès des firmes en matière d'innovation est liée aux incitations à innover vis à vis du personnel.

Lerner et Wulf (2007)[5][5] montrent l'importance des incitations de long terme à l'innovation vis à vis des cadres impliqués dans la R&D qui produisent plus de brevets, mieux cités et plus originaux.

Cette étude met particulièrement en évidence l'importance des incitations de long terme vis à vis des cadres de R&D qui sont plus efficaces dans leurs choix de projets. Dans l'industrie pharmaceutique, la promotion des scientifiques peut s'effectuer sur la façon dont leurs publications se transforment en brevet.

  1. Scale, Scope, and Spillovers: The Determinants of Research Productivity in Drug Discovery

    Henderson R., Cockburn I., 1996. Scale, Scope, and Spillovers: The Determinants of Research Productivity in Drug Discovery, RAND Journal of Economics, The RAND Corporation, vol. 27(1), pages 32-59, Spring.

  2. Profiting from technological innovation: implications for integration, collaboration, licensing and public policy

    Teece D.J., Profiting from technological innovation: implications for integration, collaboration, licensing and public policy, Research Policy, Vol. 15, n°6, 1986, pp. 285-305.

  3. The competitive challenges

    Teece D. J., 1987, The competitive challenges, Cambridge, MA, Ballinger

  4. Absorptive capacity, co-authoring behavior and the organization of research in drug discovery

    Cockburn I.M., Henderson, R.M, Absorptive capacity, co-authoring behavior and the organization of research in drug discovery, Journal of Industrial Economics, XLVI, 1998, 157-181.

  5. Innovation and incentives: evidence from corporate r&d

    Lerner J., Wulf J., Innovation and incentives: evidence from corporate R&D, The Review of Economics and Statistics, November 2007, 89(4): 634–644

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