La complexité des flux
On s'imagine parfois que les flux dans une entreprise correspondent au modèle suivant :
• flux entrant : p pièces /h
• production : p pièces /h
• flux sortant : p pièces /h
Dans cette situation, idéale du point de vue des flux matières, les flux entrants (encore appelés flux amont) de chacun des postes de travail sont identiques aux flux sortants (appelés flux aval). Les flux externes sont également parfaitement synchronisés avec les flux internes. Le flux global au travers du système complet est de p pièces par heure.
Le fonctionnement d'un tel processus est donc très simple à comprendre. Trop simple ! La réalité d'un processus s'écarte notablement de cet exemple. De nombreux phénomènes provoquent une désynchronisation entre les flux amont et les flux aval de certains ateliers et, éventuellement, entre flux internes et flux externes. Une telle désynchronisation rend alors les caractéristiques de l'écoulement des flux beaucoup plus difficiles à percevoir intuitivement.
Considérons un flux de produit avant transformation dans un atelier. Ce produit est soit acheté, s'il s'agit d'une matière première, soit issu d'une opération précédente, s'il s'agit d'un produit en cours de fabrication.
Ce flux présente un certain débit moyen. Pour un certain nombre de raisons, détaillées plus loin, le flux présente des variations autour de sa moyenne. Ce sont ces variations qui rendent complexe l'écoulement du flux dans un système réel. En effet, il faut, pour que l'opération ne s'interrompe pas sur un poste, que le flux amont se présente avec un débit instantané au moins égal au débit de l'opération elle-même sur le poste.
De plus, si le flux amont excède le débit de l'opération, il y aura accumulation de pièces et formation d'une file d'attente.
Remarque :
Cela peut arriver même si le débit moyen du flux amont est inférieur à la capacité moyenne du poste .
Exemple :
Les encombrements à l'entrée des grandes villes le matin alors que la capacité est suffisante dans la journée. Mais, si le flux amont se présente avec un débit instantané inférieur au débit de l'opération, cela entraîne des arrêts répétés du poste et des sous-emplois.
Le poste aval est partiellement inoccupé car :
• Flux entrant : p/2 pièces /h
• Production : p pièces /h(capacité)
• Flux sortant : p/2 pièces /h
Les impacts des désynchronisations de flux internes sont rapidement perceptibles (arrêt régulier du poste ou files d'attente croissantes en amont de certains postes de travail). Ce type de phénomène peut également se produire à l'articulation des flux internes et des flux externes.
Considérons par exemple le flux de produits finis, qui est défini en fonction de la demande commerciale. L'entreprise cherche à équilibrer le flux de la demande des clients avec le flux de produits finis : tout déséquilibre durable aboutit soit à une insatisfaction de la clientèle, soit à une surproduction :
Flux aval > demande = surproduction
Flux aval < demande = retards de livraison
La demande commerciale est elle-même caractérisée par un volume et un profil. Le volume correspond au flux de consommation des clients. Le profil dépend de certains facteurs : à moyen terme, de la saisonnalité, à court terme, de la plus ou moins grande concentration des commandes dans le temps.
Par exemple, si 300 étudiants désirent manger en même temps au restaurant universitaire, l'intendance estimera que la demande a un profil impossible à satisfaire. Les clients risquent d'être mécontents, d'aller ailleurs, ou de modifier le profil du flux de leur demande (en venant plus tôt ou plus tard).