Gestion de Ressources Humaines
CoursOutils transverses

Différents aspects historiques de la conception du salarié dans l'entreprise

L'exercice de la discipline suppose un dispositif qui contraigne par le jeu du regard ; un appareil où les techniques qui permettent de voir induisent des effets de pouvoir, et où, en retour, les moyens de coercition rendent clairement visibles ceux sur qui ils s'appliquent.

M. FOUCAULT " Surveiller et punir" tel, GALLIMARD, page 201, 1975.

Le travail de M. FOUCAULT permet de comprendre comment s'est construit, au cours de la période classique de notre histoire, le concept de la surveillance hiérarchique et du système de contrôle qui la structure. De cette volonté de créer un appareil disciplinaire parfait, où le point central serait à la fois source de lumière éclairant toutes choses, et lieu de convergence pour tout ce qui doit être su, émerge le concept de hiérarchie pyramidale. La pyramide permet de répondre à deux exigences :

• exercer un contrôle sur toute la ligne hiérarchique en multipliant les niveaux de responsabilité,

• atteindre une certaine efficience par sa discrète présence, afin d'éviter de peser sur l'activité.

Nous pouvons constater une lente évolution du système disciplinaire en occident, qui dans sa quête de performance ira, en France, jusqu'à la conception de construction de bâtiment permettant d'exercer un contrôle disciplinaire des plus strictes. La pyramide a succédé au cercle au début du XIXème siècle car elle permettait de majorer sa fonction productrice. Comme le souligne M. FOUCAULT, il était impératif de spécifier la surveillance afin de la rendre fonctionnelle ?

Plus récemment, le Taylorisme et plus spécifiquement le modèle Fordien, vont "s'appuyer" sur ce concept de hiérarchie pyramidale, afin d'optimiser la ligne de production, à la différence que, le chronomètre et la gratification vont se substituer aux moyens coercitifs développés et employés au cours des trois siècles précédents.

En effet, le F.D.D., instauré par H. FORD, fut un succès économique sans précédent dans l'histoire depuis la création des politiques de grands travaux et de la manufacture de la seconde moitié du XVIIème siècle. De plus, le système permettait d'acheter la paix sociale.

Mais le contrôle (vérifications sanctions) est toujours omniprésent, et, comme le souligne B. CORIAT, n'importe qui ne peut bénéficier du F.D.D.

Effectivement, ce système de rémunération ne concerne que les employés de plus de six mois d'ancienneté, ayant plus de vingt et un ans et dont la moralité est considérée comme bonne par les contrôleurs. Il est à noter que les femmes sont exclues de cette rémunération.

Mais c'est grâce aux systèmes Taylorien et Fordien, malgré tous les reproches justifiés que nous pouvons émettre aujourd'hui, que la production de masse est née.

La production de masse, et par conséquent la grande entreprise, nécessitait la recherche d'économies, et une capacité pour la direction à prendre les décisions qu'impose la gestion des grands systèmes. En cela, F. TAYLOR peut-être considéré comme le père du contrôle de gestion des entreprises. Comme le souligne H. BOUQUIN, son système vise à retirer le contrôle des mains de l'atelier pour le rendre à la direction, et, si l'objectif de TAYLOR n'était nullement de développer les systèmes comptables, il fut conduit pourtant à parachever la comptabilité industrielle.

Cette comptabilité industrielle est un instrument d'analyse développé, qui vise à décomposer chaque activité du processus de production en opérations élémentaires, directement issues de l'O.S.T. (Organisation Scientifique du Travail). L'objectif de TAYLOR est de briser le pouvoir détenu par l'ouvrier sur le métier, en découpant chaque opération. Le métier peut ainsi être définit par une suite de gestes organisés et harmonisés par un même individu. F. TAYLOR va découper ce métier en tâches successives, réparties en ligne et détenues par autant d'individus qu'il sera nécessaire. L'évaluation comptable de chaque tâche est enfin rendue possible. Avec la maîtrise par l'ouvrier du temps de production disparaît aussi la notion de métier. "Briser l'ouvrier de métier, "libérer" le procès de travail du pouvoir qu'il y exerce pour y instaurer la loi et la norme patronales, telle sera la contribution historique du taylorisme."

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