Environnement économique et social
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La globalisation financière

En finance, peut-être pour marquer une différence avec la dimension économique, le terme globalisation est plus souvent employé que celui de mondialisation. Les marchés financiers constituent sans doute les seuls marchés véritablement mondialisés. Toutefois, dans leurs fonctionnements, on constate des crises à répétition qui prennent la forme de krachs boursiers, de crise bancaires (faillite bancaire ou surendettement) ou monétaires (variations sur les monnaies).

a) La globalisation financière : origine et caractéristiques

Elle tire également son origine dans la déréglementation et le décloisonnement des marchés financiers au cours des années 80 (initiée en France sous le gouvernement de Bérégovoy). Elle s'est imposée comme une réponse au problème du financement des déficits budgétaires des Etats accumulés depuis 1975, dus au soutien de la croissance et au traitement social du chômage. Les facilités de circulation et d'accès aux différents marchés données aux capitaux devaient également, à travers une détente sur les taux d'intérêt de long terme, favoriser le financement des entreprises (les investissements) et donc de la croissance. En France et en Europe, c'était aussi une étape importante dans la préparation de l'arrivée de l'euro. Les objectifs de la déréglementation financière ont été globalement atteints avec toutefois une volatilité extrême des marchés financiers. L'article La globalisation financière de Philippe Martin, fait bien le point sur le phénomène. Il montre ainsi, là encore, que la globalisation financière n'est pas nouvelle par rapport au début du 20e siècle. Des différences sont toutefois présentes aujourd'hui : importance des flux de capitaux à court terme, réduction des horizons ou barrières temporelles et spatiales, le tout favorisé par le développement des télécommunications.

b) Explications des crises financières et autres "bulles"

L'article de Philippe Martin insiste sur une explication nouvelle de la théorie financière pour rendre compte des bulles spéculatives et de leur dégonflement : le mimétisme et les anticipations auto-réalisatrices des opérateurs. La spirale à la hausse, comme à la baisse, est endogène et résulte de comportements mimétiques ou moutonniers des investisseurs financiers. La hausse ou baisse des cours s'explique ainsi par le fait que les opérateurs croient de plus en plus dans une opinion qu'ils ont eux-mêmes engendrée (croyance auto-entretenue). Le retournement des cours intervient, à l'occasion d'un événement particulier, généralement conjoncturel, qui fait prendre conscience de l'écart des cours par rapport aux réalités macroéconomiques. Pour Martin, l'instabilité des marchés financiers est renforcée par le processus de globalisation et de déréglementation. Il est difficile de savoir si les avantages l'emportent sur les inconvénients. L'auteur discute enfin le rôle régulateur que pourrait avoir l'instauration d'une taxe à l'instar de la taxe Tobin.

La crise boursière de 2002

L'année 2002 a été marquée par la chute des cours boursiers sur toutes les places financières. A la bourse de Paris, la baisse atteint 30 % de janvier à novembre 2002. La hausse des cours jusqu'en 2001 a été portée par la reprise de la croissance et des profits des entreprises à la fin des années 90 et par l'engouement pour la "nouvelle économie" et ses "start-up". A cela s'ajoute la montée de l'influence des fonds de pension, principalement anglo-saxons, qui ont drainé vers la bourse une part de plus en plus importante de l'épargne des ménages, en promettant des taux de rentabilité très élevés voire irréalistes (15 %, soit 50 % de plus que la norme habituellement admise). La "création de valeur pour l'actionnaire" s'est alors imposée comme la nouvelle norme de gestion des grandes entreprises (d'où également la forte controverse suscitée par les pratiques en parallèle de licenciements).

En même temps, la poursuite de la concentration par acquisitions-fusions s'accompagnait d'un fort endettement des entreprises qui venait en contradiction avec l'obtention de taux de rentabilité élevés. Cela a pu favoriser les pratiques de dissimulation comptables. Par ailleurs, le développement de la rémunération des dirigeants sous forme de stocks options qui n'étaient pas provisionnés dans les bilans gonflait artificiellement les résultats des entreprises. Enfin, le développement de l'innovation financière a permis de reporter sans cesse les crédits ou les créances douteuses sur d'autres, élevant le niveau général du risque sur les marchés financiers.

L'attentat du 11 septembre a fait prendre conscience du ralentissement économique déjà à l'œuvre. Les faillites d'Enron, avec la mise à jour de la responsabilité du cabinet Andersen aujourd'hui disparu, et de Worldcom et de Vivendi ont également fait prendre conscience aux opérateurs financiers de l'écart entre leurs perceptions et la réalité, et perdre confiance dans la transparence des comptes (d'où le débat sur la gouvernance d'entreprise que nous aborderons plus loin).

La baisse des cours s'est inscrite dans la durée car les incertitudes politiques et économiques sont grandes (risque de guerre en Irak et doute sur l'évolution du prix du pétrole, poursuite des attentats terroristes, permanence de la crise économique). Le pessimisme remplace l'exubérance au point que la baisse des taux directeurs de la Fed en novembre est perçue comme un signe supplémentaire de dégradation économique...

Pour en savoir plus sur le mimétisme des opérateurs boursiers et sur la formation des "bulles", voir l'article d'un spécialiste français sur la question : L'imitation en finance est-elle efficace ?

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