L'apparition d'une forme de commerce moderne : le grand magasin

Le contexte social et commercial d'apparition du Bon Marché

Situation sociale & œuvre de Zola

Aristide Boucicaut a servi de modèle principal au personnage d'Octave Mouret dans le roman de la série des Rougon-Macquart, « Au Bonheur des Dames » d'Émile Zola.

Je prendrai un mercier, une lingère, un bonnetier, et je les montrerai ruinés, conduits à la faillite. Mais je ne pleurerai pas sur eux, au contraire, car je veux montrer le triomphe de l'activité moderne ; ils ne sont plus de leur temps !

Cette citation d'Emile Zola [1]p.14 indique bien que la rupture initiée par A. Boucicaut va au-delà de la simple "façon de vendre" des marchandises. Le nouveau commerce rebat les cartes de certaines rentes, de fortunes et d'alliances. L'enthousiasme de Zola, n'est certainement pas partagé par ceux qui pratiquaient « l'activité ancienne ».

Quelques éléments biographiques

Un parcours classique dans le commerce

  • A 19 ans (1829) - vendeur au Petit Saint-Thomas, rue du Bac à Paris  ;

  • 26 ans, chef de rayon ;

  • A 42 ans, en 1852, « il s'associe au propriétaire d'un magasin de mercerie et de nouveautés à l'enseigne du « Bon Marché », sis rue de Sèvres, et se lance d'emblée dans la distribution de masse qui devait, en l'espace de quelques années, révolutionner le commerce de fond en comble. En 1863, il rachète les parts de participation de son associé Paul Videau et reste seul propriétaire de l'affaire. Le Bon Marché va alors rapidement décupler son chiffre d'affaires, passant d'un commerce de 4 rayons avec 12 employés à 450 000 francs de chiffre d'affaires au plus gros grand magasin du monde avec 1 788 employés. »

    citation de Boucicaut, Wikipedia[2]

1877 - décès d'Aristide Boucicaut à 67 ans.

Portrait A BoucicautInformationsInformations[3]

La création du Grand Magasin

L'idée de départ

Aujourd'hui on parlerait plutôt de l'origine du concept.

Mais à cette époque, les métiers commerciaux n'étaient pas technicisés comme aujourd'hui. La démarche de A. Boucicaut a davantage de points communs avec la création qu'avec la construction réfléchie d'une offre susceptible de correspondre à des besoins.

Le plaisir de se perdre au milieu d'une profusion de produits.

Selon Miller, 1994[4], l'origine de l'idée du grand magasin est consécutive à la visite par A. Boucicaut de l'exposition universelle de 1855 au cours de laquelle il se serait perdu. L'expérience de la découverte d'une profusion d'objets et d'ambiance lui a été agréable, il souhaitera reproduire cette situation dans son magasin.

Le Bon marché témoigne d'une véritable révolution commerciale en rupture avec les méthodes de ventes traditionnelles mais aussi, et plus largement, en rupture avec les structures sociales de l'ancien régime.

Du Bon Marché de Paul Videau au Bon Marché, symbole des grands magasins

Depuis 1824, un magasin de nouveauté de la rue de Sèvres, Le Petit Saint Thomas, introduit de nouvelles méthodes de vente pour la mercerie. En particulier :

  • la vente à prix fixe (les prix sont affichés et identiques pour tous les clients) ;

  • la recherche de prix bas.

Tout en s'appuyant sur une formule déjà assez répandue et très appréciée de la clientèle : le magasin en entrée libre.

Il développe également une politique d'assortiment avec une réflexion sur le choix offert aux clientes et dès 1844, un service de vente par correspondance (VPC-VàD[5]) pour les clients de province et exploite notamment à des fins promotionnelles les courriers contenant les factures. Cette technique nous renvoie à ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'asile courrier[6] [1].

A. Boucicaut s'associe à P. Videau déjà propriétaire d'un magasin de nouveautés nommé "Bon Marché Videau".

L'invention du grand magasin sera le résultat des nombreuses (r)évolutions de ce point de vente.

« C'est en 1848, à la suite de la fermeture du Petit Saint-Thomas, qu'Aristide Boucicaut fait la connaissance de Paul Videau, établi à l'angle de la rue de Sèvres et de la rue du Bac, à l'enseigne du Bon Marché Videau. » source : Ministère de la Culture[7]

En 1863, Paul Videau, qui a de plus en plus de mal à accepter les idées de A. Boucicaut, estime qu'il est temps de "sortir" de l'affaire. A. Boucicaut, lui achète ses parts et devient le seul propriétaire du magasin.

A partir de là, le flot d'innovations commerciales continue sans obstacle. Le Bon Marché, symbole de la révolution industrielle et du chic parisien peut naître...

  1. Marseille, 1997

    La révolution commerciale en France : du Bon Marché à l'hypermarché, Marseille Jacques, Ed. Le Monde, Paris, 1997

  2. Boucicaut, Wikipedia
  3. source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Aristide-JacquesBoucicaut02.jpg

  4. Miller, 1994

    The Bon Marché, bourgeois culture and the department store, 1869-1920, Miller Mickaël, Princeton University Press, N.J., 1994

  5. Vente à distance, VàD

    Remplace le terme VPC (vente par correspondance) pour intégrer les ventes réalisées par télématique et internet.

    Pour plus d'informations, voir le site du syndicat professionnel : FEVAD.

    Référence : Dioux, 2009, p.21

  6. asile colis, asile courrier

    Cette pratique très courante consiste à insérer dans les envois des entreprises des documents promotionnels contre rémunération. Cette pratique repose sur le fait que les coûts de transport sont facturés par tranche de poids.

    Exemple : vous expédiez un colis de 400 g mais le tarif postal est valable jusqu'à 500g, vous pouvez donc insérer 100g de publicités à votre envoi sans payer un supplément !

  7. Ministère Culture, Grand Magasin

    http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2002/bonmarche.htm

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