Environnement économique et social
CoursOutils transverses

L'économie : une valse à trois temps

Une fois produite, la valeur ajoutée est répartie entre ceux, les agents économiques, qui ont participé à sa formation. En cela, la valeur ajoutée devient des revenus. Elle sera ensuite utilisée pour satisfaire les besoins divers des agents économiques à travers l'acte de consommation.

Trois étapes-clés apparaissent, qui forment le circuit économique, et que l'on peut synthétiser à travers le schéma suivant

Schéma : l'économie : une valse à trois temps
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a) Le temps de la production

La production désigne l'activité de transformation de biens ou services en autres biens et services. Les biens ou services transformés ou détruits sont appelés consommations intermédiaires : matières premières, énergie, loyers payés pour les locaux de production, frais de transports, frais de publicité... Ces éléments sont appelées "matières consommées et autres achats externes" dans la comptabilité d'entreprise.

Les facteurs de production sont à l'origine de l'opération de transformation. On distingue habituellement le facteur travail (le travail humain) et le facteur capital (outils et moyens physiques de production). Les ressources naturelles (terre, vent, eau...) constituent également des moyens de production. Le savoir pourrait aussi figurer sur le schéma en tant que facteur de production immatériel. Toutefois, on peut considérer qu'il est incorporé à la fois dans le facteur travail (formation) et facteur capital (technologie). A la différence des consommations intermédiaires, les facteurs de production ne sont pas immédiatement détruits lors du processus de production.

La valeur ajoutée s'obtient en déduisant les consommations intermédiaires de la production. La somme des valeurs ajoutées créées dans toutes les organisations productives (privées ou publiques) donne le produit intérieur brut (PIB). On comprend pourquoi les Etats en font l'indicateur premier de la santé de leur économie, à travers le taux de croissance qui n'est autre que la progression de la valeur ajoutée d'une période à l'autre, c'est-à-dire la progression de la richesse qui sera mise à la disposition de la collectivité.

b) Le temps de la répartition

La valeur ajoutée sera ensuite redistribuée entre les forces qui l'ont produite : les facteurs de production. Surplus dégagé par la production, la valeur ajoutée devient un revenu pour les acteurs économiques à l'origine de sa création. Dans nos économies actuelles, la redistribution se fait sous la forme de :

  • salaires qui rémunèrent le facteur de production travail ;

  • profit qui rémunère le facteur de production capital et appelé excédent brut d'exploitation (EBE) dans la comptabilité d'entreprise (ou comptabilité privée) et dans la comptabilité nationale. Evidemment, ce sont les propriétaires du capital qui percevront ce profit. Généralement, le profit n'est pas entièrement distribué (sous forme de dividendes par exemple), une part étant consacrée à l'investissement ;

La comptabilité nationale

La comptabilité nationale est un cadre normalisé (définitions, nomenclatures, comptes, tableaux) qui regroupe les informations économiques chiffrées. Ce cadre permet de décrire le circuit économique et les comportements des agents économiques. Il assure également la cohérence des prévisions sur l'évolution probable de l'économie ou sur les conséquences de telle ou telle décision de politique économique prise par le gouvernement. Elle permet en outre la comparaison fiable entre pays. La CEE dispose ainsi d'un cadre comptable national commun.La comptabilité nationale est donc, à l'image de la comptabilité privée, un outil de connaissance et de pilotage.

  • impôts sur la production qui rémunèrent l'Etat. Par le système d'éducation et de formation, par les infrastructures de transport et de communication, par la sécurité des échanges..., l'Etat facilite l'activité économique et la création de richesse. Il prend donc le droit d'en prélever une part. Il ne faut pas confondre les impôts sur la production (composés essentiellement de la taxe professionnelle) avec l'impôt sur les revenus ou sur les sociétés. Le schéma ne représente que la répartition primaire de la valeur ajoutée : l'impôt sur les revenus et les sociétés et les prestations sociales vont modifier la valeur ajoutée perçue au final par chaque agent économique (c'est la répartition secondaire qui dépend des choix sociaux et politiques de l'Etat).

c) Le temps de la consommation

Par cet acte, les besoins des individus sont satisfaits. La consommation s'apparente à une destruction : destruction de biens et services et de la valeur ajoutée qui y est incorporée. Seuls les ménages (les individus) consomment ; une entreprise ne consomme pas car elle n'a pas de besoins à satisfaire au sens propre.

La valeur ajoutée qui n'est pas consommée (épargne) est utilisée par les entreprises pour remettre en état (renouvellement) et, éventuellement, pour accroître le stock de capital (extension) : c'est l'investissement ou formation brute de capital fixe (FBCF) dans le langage de la comptabilité nationale. Avec l'investissement, de renouvellement au moins, il est possible d'enclencher à nouveau le processus de production et de création de valeur ajoutée. A noter que dans la comptabilité privé, l'investissement ne désigne que l'accroissement du capital, les amortissements étant comptabilisés à part, et comprend l'acquisition de terrains et d'actifs incorporels qui sont exclus de la définition de la FBCF. La consommation (dépenses des ménages) et l'investissement (dépenses des entreprises) forment la demande.

Tous les économistes sont d'accord sur cette représentation de l'économie (activité collective de création / répartition / destruction de richesses). Les divergences porteront sur les normes et modalités de fonctionnement : un équilibre est-il possible et à quelles conditions ? Faut-il organiser l'économie de façon centralisée ou décentralisée ? L'Etat doit-il intervenir ? La propriété des lieux de production de la valeur ajoutée doit elle être collective ou privée ? Plusieurs doctrines économiques existent en réponse à ces questions (point 1.3.). On reviendra également plus en détail (point 1.2.) sur la représentation et le fonctionnement du circuit économique, en intégrant notamment les échanges avec l'extérieur et le système bancaire. Auparavant, et pour conclure cette section, revenons sur l'entreprise, cette organisation productive particulière, dans une perspective historique.

Question sur le circuit économique : équilibre et dynamique (page suivante)La création de valeur ajoutée (page Précédente)
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