La nature sociale et politique de la finance

La part croissante de richesse capturée par la finance

La financiarisation aux États-Unis

Cette section s'appuie sur les travaux de Krippner, Greta R. [1](2005).

Méthode

Il est complexe de donner une mesure quantitative à l'importance croissante de la finance dans l'activité économique. Krippner[1] (2005) considère non seulement les emplois directs de la finance mais aussi les emplois financiers dans les entreprises. En effet, avec la mutation financière, la division des activités financières au sein des entreprises non financières a pris une importance croissante.

Fondamental

Fort de cette définition, Krippner[1] (2005) met en exergue trois faits stylisés aux États-Unis :

  1. Le volume de l'emploi dans le secteur finance-assurance-immobilier est relativement stable depuis 1950 et se situe entre 5%-7% de l'emploi total ;

  2. En revanche, la contribution de ce secteur à la croissance du PIB[2] (soit la valeur ajoutée créée) est passée de 11% en 1950 à 25% en 2002. Le secteur financier est donc à l'origine d'un quart de la richesse créée aux États-Unis ;

  3. La part des profits revenant au secteur financier était de 10% en 1950, de 30% en 1980 et enfin de 45% en 2000.

Remarque

Si le volume de l'emploi est resté constant, le secteur financier capture 45% des profits américains.

La financiarisation en France

Cette section s'appuie sur les travaux de Godechot[3] (2013).

Méthode

Godechot[3] (2013) trouve un résultat semblable pour la France. Si le volume d'emplois dans le secteur bancaire est resté relativement stable, la répartition sectorielle des salaires en France depuis 1975 a en revanche, subi une forte transformation. La part des salariés de la finance au sein de millime (0,1% des salariés les mieux payés) est passée de 6% en 1975 à 24,1% en 2007.

Remarque

L'analyse de Godechot[3] (2013) met en exergue la montée des inégalités salariales induites par la financiarisation. Cette montée des salaires s'explique par le fait que les individus les plus diplômés et les plus compétents ont délaissé les secteurs industriels pour le secteur financier. Il traduit aussi une politique salariale interne avec le développement des bonus.

  1. Krippner, Greta R.

    Krippner, G., [2005], « The Financialization of the American Economy », Socio-Economic Review, 3(2), p. 173-208.

  2. PIB : Produit Intérieur Brut

  3. Godechot, Olivier

    Godechot, O., [2013], « Financiarisation et fractures socio-spatiales », L'année Sociologique, 63(1), p. 17-50.

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