Rationalité des comportements financiers

Approfondissement : les travaux de Grossman et Stiglitz sur l'efficience théorique

Fondamental

L'intervention salutaire des spéculateurs fondamentalistes n'aura lieu qu'à certaines conditions. Grossman et Stiglitz, [1976][1] ont proposé le premier cadre formel de compréhension du comportement fondamentaliste. Celui-ci est défini à partir du concept d'anticipations rationnelles, dans un cadre d'informations imparfaites. Les investisseurs calculent le prix futur comme l'espérance mathématique de la valeur fondamentale estimée à partir des informations exogènes reçues.

Complément

Deux facteurs, la fiabilité du signal et le degré d'aversion au risque des investisseurs modulent l'intensité de leur intervention.

  • Le degré d'aversion au risque mesure l'attirance ou au contraire la répulsion qu'a un individu face à l'adoption d'une position incertaine. Un individu informé du caractère imparfait de son signal prendra une position d'autant plus importante sur le marché qu'il est peu averse au risque. Par contre, un investisseur peu enclin au risque préférera ne pas s'engager dans des positions hasardeuses.

  • La qualité du signal, à savoir sa précision dans la détermination du prix futur, définit la confiance du spéculateur sur son anticipation. Le volume de transactions sera d'autant plus grand que le spéculateur estime avoir un signal fiable. Ainsi, un gérant en compte propre, informé par le dirigeant d'une firme de la mise sur le marché imminente d'un produit fabuleux, relativisera l'importance de ce signal au regard de la confiance qu'il a dans ce dernier. Si par le passé le dirigeant a, à maintes reprises, procédé à ce type d'annonces sans que survienne de concrétisation ultérieure, le gérant accordera peu de crédit à ce nouveau signal. En conséquence, il interviendra peu, voire pas du tout, sur le titre de la dite société. A contrario, si le dirigeant communique rarement et toujours à bon escient, il s'empressera de prendre une position acheteuse.

AttentionLe paradoxe de l'efficience

Un article tout aussi fondamental est celui de Grossman [1976][2]. Dans ce modèle, les agents cherchent à anticiper rationnellement les prix en ayant la possibilité de s'appuyer soit sur leur information privée soit sur le prix qui agrège l'ensemble des informations reçues. Les agents sont preneurs de prix à savoir qu'ils n'ont pas conscience de l'influence que leurs actes ont sur les prix.

Si les prix sont efficients, alors le meilleur signal est le prix. L'information individuelle est inutile puisqu'elle est toujours de moins bonne qualité que le prix. Les spéculateurs pour fonder leur estimation du prix futur vont par conséquent s'appuyer sur le prix plutôt que sur leur information privée.

Ce faisant, l'efficience informationnelle engendre un paradoxe puisque les acteurs ne sont plus incités à rechercher de l'information privée, alors même que l'efficience des prix n'existe que si les agents se sont informés préalablement. Pour qu'un agent soit incité à rechercher de l'information, il est nécessaire que les cours ne soient pas efficients.

  1. Grossman Sanford J. et Stiglitz Joseph E.

    Grossman S.J. et Stiglitz J.E. [1976], Information and Competitive Price Systems, The American Economic Review, 66 (2), p. 246-253.

  2. Grossman, Sanford

    Grossman S. J., [1976] , "On the efficiency of competitive stock markets where trades have diverse information", The Journal of Finance, 31, p. 573-585.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)