En complément
La qualité de l'information comptable
La construction comptable est encadrée par un ensemble de textes ou de recommandations dans le respect de grands principes fondamentaux.
Toutefois devant certains faits troublants de la vie économique, il est normal de s'interroger sur la qualité des informations comptables publiées par les entités et le crédit qu'on peut leur accorder.
(Aux États-Unis, la faillite retentissante d'ENRON en début 2002 alors que ses comptes avaient été certifiés par l'un des plus grand cabinet d'audit en est un parfait exemple)
Il est vrai qu'il existe dans cet univers codifié et réglementé qu'est la comptabilité, des espaces de liberté que les dirigeants peuvent utiliser à leur gré, pour présenter en toute légalité une information qui leur soit plus favorable.
(Ces pratiques sont couramment appelées "habillage de bilan" ; "comptabilité créative " ou "window dressing")
On peut citer, par exemple, les modifications de méthodes d'évaluation des stocks, l'utilisation plus ou moins tempérée des provisions, la politique d'amortissement, le choix de la date de clôture, la pratique du leaseback (vente suivi d'une reprise en location) ou la "defeseance", les cessions partielles d'actifs...
Ces pratiques ne dérogent pas aux obligations légales et aux normes comptables, mais profitent des insuffisances des normes pour modifier sensiblement l'information comptable. Elles permettent aux dirigeants de moduler leurs résultats dans l'espace (entre les différentes filiales d'une même entité) et dans le temps (entre les différents exercices comptables).
Une bonne connaissance des règles de construction doit permettre au lecteur attentif des comptes de percevoir ces "manipulations" comptables.
Pour le reste, si le risque de fraude, de malveillance et de dissimulation existe toujours, il n'en est pas moins réduit grâce à la mission légale dévolue aux commissaires aux comptes qui est de certifier en toute indépendance, la régularité, la sincérité et la fidélité des comptes qui leurs sont présentés.
Toutefois, il faut savoir rester réaliste et admettre qu'il existe et qu'il existera toujours une forte asymétrie d'information entre les dirigeants d'une entreprise situés au cœur de son système d'information, et les auditeurs externes. Asymétrie qui rend délicate l'élaboration du bilan solvabilité/liquidité.