Les problèmes posés par les fonds souverains
Une large part de la controverse autour des investissements des fonds souverains tourne autour de leurs motivations potentiellement stratégiques et non pas exclusivement de nature financières. La possession d'actions donne au fonds souverain des droits sur le devenir de la société et lui permet de disposer d'informations privilégiées.
La crainte est donc que les fonds souverains puissent poursuivre des objectifs de développement de leur économie nationale voire des objectifs politiques, qui soient incompatibles avec la bonne gouvernance et la profitabilité des entreprises dont ils ont acquis les parts.
Exemple :
Un objectif pourrait être, par exemple, de favoriser les entreprises de leurs pays d'origine par un transferts de technologies ou l'obtention de politique commerciale avantageuse.
Le fonds de Singapour affichait ainsi clairement des objectifs industriels dans le choix de ses placements.
Remarque :
Cette crainte est d'autant plus exacerbée qu'une large part des fonds souverains émanent de pays émergents plus ou moins respectueux des principes libéraux et acquiert des titres de pays développés. On voit ainsi apparaître une nouvelle forme de protectionnisme financier.
Les fonds souverains au secours de l'économie occidentale depuis la crise
Le début de la crise des Subprimes a été marquée quelques investissements spectaculaires de fonds souverains émergents dans des banques occidentales. En effet, la baisse du prix des actions a facilité ces investissements, et, compte tenu de leurs difficultés, les grandes banques ont déroulé le tapis rouge devant ces investisseurs de long terme.
Attention :
Exemple :
Le fonds singapourien Temasek est venu au secours de la banque anglaise Barclays (2,2 milliards de dollars), de la banque américaine Merrill Lynch (5,9 milliards de dollars). L'autre fonds singapourien GIC a investi 9,8 milliards de dollars dans UBS.
Rappel :
Le rôle des fonds souverains a alors été clairement stabilisateur, même si cela n'a pas suffi pour enrayer la crise.
Les fonds souverains au secours de leur économie
A partir de la fin 2008, les fonds souverains ont choisi d'investir vers leurs économies d'origine. Le secteur bancaire a naturellement été l'un des premiers destinataires de leur aide, compte tenu de la dimension bancaire aigüe de la crise.
Exemple :
La Chine et le Qatar sont notamment venus au secours de leurs banques pour les recapitaliser via leurs fonds souverains et semblent être parvenus, au moins à court terme, à exercer un effet positif sur la rentabilité boursière des banques.
En Russie en Australie les fonds souverains ont prêté de l'argent aux banques locales pendant la crise.
En février 2009 sept milliards d'euros ont été prélevés sur le Fonds souverain irlandais (le NPRF) pour recapitaliser les banques irlandaises
Les fonds souverains peuvent aussi être activés pour relancer l'économie en suppléant l'intervention publique ou bancaire.
Exemple :
En 2008 et en 2006 KIA, le fonds souverain du Koweït a acquis des actions koweïti pour stopper la baisse des cours.
En janvier 2009, le fonds de Singapour a débloqué de quoi financer le plan de relance de 13 milliards de dollars et combattre la pire récession traversée par Singapour.
Fondamental :
Les fonds souverains sont donc aussi des stabilisateurs pour les économies nationales.
Le fonds qatari QIA et la France
La présence du fonds souverain qatari QIA en France fait débat. Pour preuve, le récent article publié dans le Monde (Les investissements du Qatar restent bienvenus en France, Le Monde.fr, 12/03/2013) dont nous reprenons les éléments cités ci-après.
Fondamental :
La France accueille environ 10 % des investissements du Qatar à l'étranger. Le Qatar est très présent dans les grandes entreprises françaises avec des participations dans Total (3 %), Vinci (7 %), Lagardère (12 %), Veolia Environnement (5 %), LVMH (1 %) ou Vivendi (3 %). QIA possède 100 % du PSG et de Paris Handball, les immeubles Virgin, HSBC, Lido et plusieurs hôtels de luxe.
Fondamental :
Les politiques français successifs de droite comme de gauche sont satisfaits de cette implantation du fonds qatari dans l'économie française. Notamment en raison de l'engagement de long terme du fonds et dans sa faible implication dans la vie des entreprises.
« Les investissements qataris sont et resteront bienvenus en France. Nous souhaitons même qu'ils s'amplifient »
, a déclaré Nicole Bricq lors d'une rencontre avec la presse. « Les investisseurs qataris sont des investisseurs avisés, des investisseurs à long terme qui accompagnent beaucoup d'entreprises françaises" en y restant "minoritaires" et ne participent pas à la fonction exécutive de ces entreprises »
, a-t-elle ajouté. « Objectivement, on ne peut rien leur reprocher »
, a poursuivi la ministre.
Le richissime émirat gazier avait évoqué fin 2011 un projet de fonds pour les banlieues françaises doté de 50 millions d'euros, à la suite d'une visite au Qatar d'élus de quartiers en difficulté. Finalement, ce ne sera pas un fonds exclusivement pour les banlieues mais aussi pour les zones rurales paupérisées.
Remarque :
La France n'est pas la seule à bénéficier des largesses du fonds qatari. En 2011, la QIA a investi 21,7 milliards de dollars à l'étranger. La QIA possède des participations dans General Motors, Banco Santander, Miramax, Porsche, VW, Crédit suisse ou le London Stock Exchange. Elle est propriétaire du grand magasin londonien Harrods.