Stratégie marketing international

Le lien entre les fonctions de la distribution et la culture

La transformation spatiale

Quelle est l'attitude des consommateurs à l'égard des produits provenant de l'étranger ? Ne regardent-ils que le prix affiché sur le produit ou s'étonnent-ils du fait que des pommes de Nouvelle-Zélande se vendent dans les magasins européens à la place de pommes européennes subventionnées (mais détruites afin de maintenir un certain niveau de prix) ? Savent-ils qu'une partie du lait hollandais/français/allemand/etc. est transformée en yaourt en Grèce avant de revenir dans les points de vente des premiers pays cités ?

La transformation temporelle

Comment les consommateurs perçoivent-ils les effets du “juste à temps” ? En sont-ils contents, car ils apprécient la régularité des livraisons, ou perçoivent-ils les conséquences négatives des techniques des flux tendus ? La livraison juste à temps permet aux fabricants et distributeurs d'externaliser les coûts de stockage. Les produits se trouvent dans des entrepôts roulants - presque exclusivement des camions (car les autres modes de transport plus écologiques ne bénéficient pas des investissements nécessaires pour les rendre aussi flexibles que la route) – qui sillonnent les routes de l'Europe.

Quelle est l'attitude des clients par rapport à l'attente ? A partir de quelle longueur de queue exigent-ils d'ouvrir une autre caisse ? Quelles sont les horaires d'ouverture des magasins (beaucoup plus courts en Europe du Nord, où les magasins restent fermés pendant une bonne partie du week-end, qu'en Europe du Sud ou aux Etats-Unis). Faut-il ainsi respecter plutôt les traditions religieuses (fermeture le dimanche), le droit des vendeurs/vendeuses (un jour de repos le week-end) ou des consommateurs (pouvoir acheter à n'importe quel moment) ?

ExempleLa perception culturelle de la distribution

Craignant de ne pas pouvoir faire du shopping aux États-Unis car j'arrivais un jour férié, je demandais (naïvement et faisant preuve d'une bonne dose d'ethnocentrisme) à un collègue américain si tous les magasins étaient fermés. Sa réponse fut très claire : “Wouldn't it be crazy if the shops were closed on a day when everybody has time to go shopping ?”

La fonction de conditionnement

Types d'emballages préférés, produits consignés, recyclage des produits...

La fonction d'assortiment

Largeur de gamme souhaitée ? Préférence pour un hard discount ayant une gamme peu large et peu profonde afin de profiter d'un prix bas ou pour un point de vente offrant un large choix de marques permettant d'exprimer sa personnalité à travers ses choix de consommation ?

La fonction financière

Mode de paiement préféré ? Chèque (qui ralentit l'encaissement - lien avec la fonction temporelle), cartes de crédit ou espèces ? Possibilité de négocier un prix? Attitude à l'égard de la négociation ?

La fonction de présentation

Présentation austère (et prix bas), sans conseil ou centres commerciaux luxueux ?

La fonction d'information

L'attitude à l'égard de l'information. Le consommateur est-il prêt à fournir l'information sur soi-même (carte de fidélité) en échange d'un meilleur service, d'un prix plus bas ou d'un cadeau en fin d'année ? Se méfie-t-il des bases de données gigantesques rendant le consommateur transparent ?

Quand Wal-Mart, le groupe de distribution le plus puissant au monde, est entré sur le marché allemand en 1998 en achetant 21 magasins “Wertkauf” et 74 magasins “Interspar”, il a exporté une partie de sa “culture” en Allemagne (cf. www.walmart.com -> “About Wal-Mart” -> “An Introduction to Walmart.com”) : meilleure mise en valeur des fruits et légumes, service de “mise en sac” à la caisse, élargissement des heures d'ouverture (dans la limite du cadre réglementaire allemand), plus d'espace entre les allées et formation des vendeurs pour les rendre plus serviables et souriants. Toutefois, la fameuse “ten foot rule” n'a pas été appliquée (applicable) très longtemps dans les magasins allemands. Les clients allemands ne supportaient pas la gentillesse exagérée des vendeurs.

Wal-Mart's “Ten-Foot-Rule”

I want you to promise that whenever you come within 10 feet of a customer, you will look him in the eye, greet him and ask him if you can help him.

Remarque

La culture est tenace. Les modes d'achat et de vente ne changent pas aussi vite que l'on pourrait parfois le croire. Avez-vous envie de repartir pour un instant dans la Russie d'aujourd'hui ?

ComplémentLe système de distribution en Russie suite au démantèlement de l'Union Soviétique.

Source : témoignage de Oxana Alieva, étudiante à l'Université de Nancy en mars 2002.

Le système de trois files, on le trouve encore en Russie. De moins en moins présent aujourd'hui dans les grands magasins et les grandes villes telles que Moscou, il est encore très répandu dans de petits magasins, les banlieues et les villages. En ce qui concerne les détails du système, ils sont quelque peu différents pour les produits alimentaires et non alimentaires.

Pour les produits alimentaires, une fois que vous avez fait la queue et que vous vous trouvez devant la vendeuse, vous lui annoncez le ou les produits et la quantité souhaités en lui demandant d'abord typiquement “Il est frais?” La réponse peut être “Oui, on ne nous l'a fourni que ce matin” ou “Non, il est d'hier/avant hier (pour le pain par exemple)”. Les vendeuses sont assez souvent franches sur ce point.

Puis, pour les produits qui ne demandent pas d'être pesés (pain, chocolat, gâteaux, cigarettes, alcool...) la vendeuse vous annonce le prix. Vous devez bien retenir cette somme et la transmettre (toujours oralement) à la caissière qui vous donne un ticket de caisse. Ce ticket, vous le remettez à la vendeuse pour obtenir les produits. Pendant que vous allez à la caisse, les produits restent à leurs places initiales et la vendeuse sert d'autres clients. Pour les produits qui demandent d'être pesés (saucissons, poisson, viande, fromage, bonbons et biscuits se trouvant en vrac dans des niches de la vitrine murale) la procédure est légèrement différente. La vendeuse les pèse (souvent encore avec une balance mécanique), puis soit elle vous dit le prix oralement, soit elle marque le prix sur votre paquet et vous le dit oralement, soit elle marque le prix sur un papier et vous le donne. Si la balance est électronique (ça arrive), vous avez un ticket avec le prix dessus. Puis, à la caisse, puis retour vers la vendeuse pour obtenir le produit.

Les produits non alimentaires sont soit exposés en vitrine et donc pas accessibles sans “l'aide” de la vendeuse (montres, brosses à dents, vaisselle, piles, sous-vêtements, articles ménagers et de la maison, mais aussi une partie des vêtements, chaussures, produits électroménagers, etc.), soit ils sont exposés librement et vous pouvez les toucher et les essayer sous l'œil d'une vendeuse ou d'un vendeur (vêtements, chaussures, électroménagers, tv/hi-fi, ameublement, tissu, motos, etc.). Pour les produits exposés en vitrine, la vendeuse vous les montre. S'il s'agit d'un vêtement ou de chaussures, vous pouvez les essayer ; s'il s'agit d'un article électroménager ou tv/hi-fi elle vous fait une démonstration. Le prix des produits peu chers est annoncé oralement et vous allez à la caisse. Si le prix est élevé la vendeuse vous donne une facture (facture avec un carbone, format à peu près de 10 x 5 cm, remplie à la main avec le nom du produit, sa quantité et son prix). Avec cette facture, vous allez à la caisse. La caissière prend cette facture, vous payez, la caissière fait un ticket de caisse comportant le prix de l'article, puis met un tampon “payé” sur la facture et le ticket. Vous récupérez la facture ainsi que le ticket et rendez le double de la facture à la vendeuse en échange de l'article.

Ce système des trois files existe et va encore exister car les Russes n'ont aucunement les capacités d'assurer la protection des produits exposés librement. Cela ne veut pas dire que les Russes volent plus que les Occidentaux. Tout simplement, en Occident il existe des portails électroniques et des trucs qui sonnent, je ne sais pas comment ils s'appellent, fixés sur ou à l'intérieur des articles. De plus, de grands groupes occidentaux (des groupes russes de cette taille – je n'en connais pas beaucoup) peuvent se permettre d'avoir beaucoup de personnel dans leurs espaces commerciaux. Les commerçants russes, pour l'instant, n'ont pas les moyens de faire pareil.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Université de Lorraine Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)