La mesure des variables
Valider ou infirmer une hypothèse de recherche permet d'apporter une réponse à une question posée (l'hypothèse de recherche) de façon qualitative. En comparant différents groupes, on pourra constater par exemple que l'humeur des sujets joue significativement sur le comportement de don, ou que les femmes sont plus (ou moins) averses au risque que les hommes. Pour aller plus loin, il est cependant utile de pouvoir mesurer l'amplitude de ces effets, ce qui passe par une définition et une mesure précises du phénomène que l'on étudie.
En économie expérimentale, on utilise ainsi le jeu du « dictateur » pour étudier le comportement de don[1]. Dans ce jeu, un offreur a la possibilité de répartir une somme entre lui-même et un autre joueur (anonyme) en toute impunité (l'autre joueur n'ayant aucun pouvoir de veto). Dans ce cas simple, si la somme à répartir est de 20€, la mesure du don est un chiffre compris entre 0 et 20€. On peut ici mesurer la capacité de don des joueurs mais aussi son amplitude. Dans de très nombreuses expériences en psychologie économique, il est ainsi possible d'obtenir une mesure chiffrée du concept que l'on étudie. On peut ainsi évaluer l'aversion au risque ou à la perte, le biais d'ancrage (voir le fichier son ci-dessous), l'aversion à l'ambiguïté, mais aussi la propension à coopérer, à faire confiance ou, a contrario, à tricher.
Mesurer le phénomène étudié peut ne pas être suffisant. Dans de nombreuses expériences, il est utile de chiffrer également la valeur des variables indépendantes. Dans l'étude de Monica Capra (2004)[3], par exemple, on s'intéresse aux effets de l'humeur sur le comportement altruiste. L'altruisme se mesure par le comportement de don dans le jeu du dictateur. Mais, il faut s'assurer que l'on constitue deux groupes expérimentaux dont l'humeur moyenne est statistiquement différente. Pour cela, on utilise une méthode d'induction de l'humeur (voir le protocole de recherche ci-dessous) et une mesure des humeurs. Cette mesure peut se faire de façon objective (via des mesures neuronales par exemple) ou de façon subjective en demandant aux sujets d'évaluer leur état affectif du moment. Dans ce dernier cas, le sujet évalue son humeur à partir d'une échelle de mesure ordinale qui peut aller de 0 (très mauvaise humeur) à 9 (très bonne humeur).