Évaluer ou quantifier un risque consiste, pour chaque risque, à mesurer :
Sur un chantier extérieur, des retards sont possibles en raison d'intempéries. Il est possible d'estimer, plusieurs mois à l'avance, une probabilité à partir d'informations sur la région, la date prévue des travaux et les archives météorologiques. On pourra ainsi savoir que, dans le Limousin, il y a généralement quatre jours d'intempéries en mai, ce qui devra être pris en considération. On peut aussi savoir que la probabilité d'un jour supplémentaire d'intempéries est de 8 % et de deux jours de plus de 3 %.
Cette probabilité évoluera avec le temps (2 jours avant la date des travaux, les prévisions seront plus précises et permettront d'évaluer une probabilité plus précise et d'en prévoir les conséquences).
La probabilité d'occurrence varie donc avec la date d'estimation et devra être mise à jour. Dans certains cas la réalisation deviendra certaine (probabilité = 100%) alors que dans d'autres cas l'évènement ne se réalisera pas (probabilité = 0%)
1 : très peu probable
2 : rare, peu probable
3 : risque occasionnel, peut se réaliser
4 : risque fréquent, a de fortes probabilités de se réaliser
Dans le prolongement précédent, il sera possible d'estimer la gravité pour notre chantier, pour un jour de plus ou pour deux jours de plus.
Dans l'exemple précédent, le coût supplémentaire sera de 5 K€ pour un jour et de 20 K€ pour deux jours de retard.
1 : conséquences mineures, insignifiantes
2 : conséquences sans gravité (courte durée, faible coût)
3 : conséquences majeures, significatives (en coûts, délais, ...), qui demanderont généralement l'accord du Maître d'oeuvre)
4 : conséquences importantes, catastrophiques, qui peuvent mettre en question l'ensemble du projet et nécessiteront de grandes interventions (l'accord du Maître d'oeuvre est indispensable).
5 : conséquences lourdes, qui dépassent le projet, qui peuvent mettre en danger des personnes ou mettent en danger l'entreprise.
Il s'agit de savoir s'il est possible de prévoir la réalisation du risque à l'avance, et dans quels délais.
Toujours dans la situation précédente, la météorologie peut nous permettre de prévoir la réalisation du risque, plusieurs mois à l'avance.
Ainsi, sur le chantier d'un barrage, on pourra déterminer deux mois à l'avance un faible risque de pluie au mois de juin, mais la semaine précédente, la météo peut annoncer du mauvais temps, il sera alors possible de s'organiser en tenant compte de ces informations nouvelles (mettre les matériels sensibles à l'abri, décaler certaines tâches, faire appel à des prestataires,...)
Les informations connues modifient la déterminabilité d'un projet. Une information aléatoire de réalisation d'un risque peut devenir certaine quelques heures avant, dans le cas de la météorologie. Dans ce cas les conséquences seront limitées.
A l'inverse, une probabilité importante de non détection du risque, accroît la gravité des conséquences.
Si on détecte un dysfonctionnement très tôt, il sera plus facile à corriger et ses conséquences seront moins graves que si on le détecte au moment de la livraison.
De même, si on détecte un début d'incendie, les conséquences seront moindres que si la détection est tardive.
1 : réalisation du risque totalement détectable très tôt, permet de prendre des dispositions à temps pour réduire ses conséquences.
2 : réalisation du risque détectable tôt, des corrections seront apportées mais certaines conséquences seront inévitables et entraîneront des coûts peu importants et/ou de faibles retards.
3 : réalisation du risque est faiblement détectable ou détectable au début de la tâche. Les conséquences importantes en terme de coût et/ou de délais qui peuvent mettre en question l'ensemble du projet.
4 : risque non détectable, devient un problème aux conséquences lourdes qui peuvent dépasser le projet et mettre en danger l'entreprise.
Certains risques pourront être souscrits par des polices d'assurance, cependant le coût de ces polices ou leurs modalités peuvent être dissuasives.
La criticité d'un risque sera mesurée selon la méthode AMDEC utilisée en gestion de la qualité.
Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité (méthode d'analyse AMDEC appliquée aux risques) est une technique d'analyse exhaustive et rigoureuse. Il s'agit d'un travail en groupe, très efficace par la mise en commun de l'expérience et de la compétence de chaque participant du groupe de travail.
La criticité est calculée par le produit de trois facteurs :
probabilité d'apparition
gravité
probabilité de non détection
C = (probabilité d'apparition) x (gravité) x (probabilité de non détection)
L'AMDEC est très utilisée dans le secteur de l'automobile, de l'aéronautique, du ferroviaire et du matériel médical, tout au long du processus de conception.
Il existe de nombreux logiciels d'analyse des défaillances et de gestion des risques. Certains sont couplés à d'autres logiciels de gestion de projet.
Criticité = probabilité x coût x probabilité de non détection
1 à 4 : criticité très faible : le projet ne devrait pas subir de conséquences significatives de la réalisation du risque : exemple 2 x 1 x 2 (peu probable, conséquences mineures, détectable tôt). Criticité de niveau 1
5 à 8 : criticité faible : risque maîtrisable ayant de faibles conséquences, sans danger pour le projet : exemple 2 x 2 x 2 (peu probable, conséquences légères, détectable tôt). Criticité de niveau 2
9 à 12 : criticité moyenne : aura des conséquences sur les objectifs du projet : exemple : 2 x 3 x 2 (peu probable, conséquences majeures, détectable tôt). Criticité de niveau 3
13 à 16 : criticité forte : aura des conséquences majeures sur le projet : exemple : 2 x 4 x 2 (peu probable, conséquences catastrophiques, détectable tôt). Criticité de niveau 4
17 et plus : criticité très forte : ce niveau de prise de risque relève du Maître d'oeuvre qui peut décider d'interrompre le projet, de le délocaliser ou de le faire couvrir par une assurance. Exemple : 3 x 3 x 3 (risque occasionnel, conséquences majeures, faiblement détectable). Criticité de niveau 5