Les risques liés à la gestion alternative
Si les hedge funds par leur apport de liquidités et leurs stratégies diversifiées ont permis de fluidifier et animer les marchés, ils apparaissent aujourd'hui comme des facteurs amplificateurs de la crise financière. Ce caractère déstabilisant provient de leur endettement, de leur positionnement stratégique et de l'importance qu'ils ont acquis sur les marchés financiers.
En effet, ils sont devenus des acteurs majeurs du fait de l'ampleur financière permise par le levier d'endettement et par leur stratégie de rotation rapide de leur portefeuille qui les conduit à prendre des positions de court terme. Les transactions à l'initiative des hedge funds représentent entre 35% et 50% des échanges quotidiens sur la place londonienne et new-yorkaise. Les hedge funds sont aussi très présents sur les marchés dérivés, notamment les dérivés de crédit.
Les risques
Risque de marché
La réussite des hedge funds dépend de la bonne anticipation des cours à court terme. Si le marché évolution de façon inattendue, les hedge funds peuvent perdre beaucoup.
Risque lié à l'effet de levier
La rentabilité promise par les hedge funds (10-20%) se fonde sur un levier fort et des choix judicieux.
Quand la réussite n'est pas au rendez-vous, le hedge funds se trouve en délicatesse : il est obligé de payer les intérêts et les appels de marge sur les produits dérivés alors même qu'il perd de l'argent sur ses positions. En flux tendus, il est acculé à souscrire de nouveaux emprunts ou à vendre de titres (pouvant être ainsi à l'origine à une nouvelle chute des prix).
Risque de liquidité
Les hedge funds placent sur des marchés parfois peu liquides, où l'élasticité du prix est forte.
Risque d'évaluation
Les hedge funds détiennent des titres non réglementés où il n'existe pas de prix de marché. L'évaluation des actifs est donc dépendante du modèle interne d'évaluation. Les erreurs sont possibles.
Risque de contrepartie
La mise en défaut des contreparties (banque, courtier) entraîne immédiatement des difficultés pour le hedge funds.
Source de risque systématique
Les hedge funds sont ainsi source de risque systémique : en raison de leur levier d'endettement et de leur stratégie agressive, une faillite peut entraîner une fragilité bancaire via le canal du crédit et une baisse des marchés financiers.
Exemple :
La débâcle du hedge funds LTCM (Long Term Capital Management) en 1998 est une illustration emblématique. Ce hedge funds fondait sa stratégie sur l'arbitrage d'obligations (principalement d'États de l'OCDE), en recourant à un levier d'endettement important (28 contre 1). L'annonce par la Russie le 17 août 1998 d'un moratoire sur ses dettes alors même que LTCM[1] avait misé sur un rapprochement des taux entre la Russie et l'Europe provoqua une perte de 553 millions de dollars dans la seule journée du vendredi 21 août. En raison de problèmes de liquidités, LTCM[1] s'avéra dans l'impossibilité d'honorer ses engagements et subit de nouvelles pertes dans les semaines qui suivirent. Le 23 septembre, l'actif net de LTCM[1] était de 600 millions de dollars alors que ses dettes s'élevaient à 100 milliards de dollars, il avait perdu 4,4 milliards de dollars. Sa faillite aurait eu des conséquences dramatiques sur les banques qui lui avaient fait crédit, tant les montants prêtés étaient colossaux. Un consortium de banques décida d'injecter 3,65 milliards de dollars afin que le fonds puisse continuer son activité. Ce qu'il fit jusqu'en 2000, date de sa liquidation.