Objet de l'analyse économique financière

Description

Ce premier chapitre introductif du cours vise à préciser ce qu’est l’analyse financière. La finalité de cette activité est de donner une évaluation des firmes. Il s’agira d’expliciter ce qui incite les acteurs économiques à s’intéresser à la question de l’évaluation et à recourir aux services d’analystes financiers.

Objectifs

L’ambition de ce premier chapitre est de vous permettre de comprendre les enjeux actuels de cette profession qui a subi de nombreuses critiques depuis l’explosion de la Bulle Internet et les affaires (ENRON, Parmalat).

Mots-clés

Analyste financier - Evaluation des entreprises – Cours boursier – Bulle

Temps de travail

3 heures de travail

Plan

Introduction

1.1 Pourquoi évaluer les entreprises ?
1.1.1 Diversité des acteurs intéressés par la valeur de l'entreprise
1.1.2 Diversité des motivations

1.2 Le métier d'analyste financier
1.2.1 Historique de la profession d'analyste financier
1.2.2 La formation des analystes
1.2.3 L'analyste un intermédiaire entre les sociétés et les investisseurs

1.3 Valeur de l'entreprise et cours boursier
1.3.1 Pourquoi ?
1.3.2 De l'efficience à la bulle Internet

1.4 Le point de départ de l'analyse financière : la comptabilité


Conclusion

A retenir

Exercice

Introduction

L’analyse financière vise à donner une évaluation des entreprises. Cette évaluation intéresse de nombreuses personnes, internes et externes à l'entreprise. Elle donne une information précieuse.
Cette activité est devenue en quelques années une fonction incontournable, aussi bien pour les grandes entreprises que pour les petites et moyennes entreprises.
Elle est aujourd'hui déterminante pour la finance : les analystes financiers sont des intermédiaires incontournables pour les investisseurs et pour les dirgeants de sociétéscotées.

Nous chercherons dans ce premier chapitre à expliciter cette activité nouvelle.

1.1 Pourquoi évaluer les entreprises ?

1.1.1 Diversité des acteurs intéressés par la valeur de l'entreprise

L'analyse financière intéresse de nombreux acteurs. Mais savez vous lesquels ? Cet exercice vous permettra d'identifier ces acteurs.

Exercice

1.1.2 Diversité des motivations

Trouvez les motivations : Exercice

1.2 Le métier d'analyste financier

1.2.1 Historique de la profession d'analyste financier

Les analystes financiers constituent une catégorie d’acteurs importants des marchés financiers contemporains.Cette profession est apparue au début du vingtième siècle aux Etats-Unis. Le premier ouvrage consacré à cette profession «Security Analysis» de Graham et Dodd fut publié en 1934. Il présente les trois fonctions d’un analyste: décrire (des faits relatifs à une valeur financière), sélectionner (des valeurs en fonction de leurs mérites propres) et critiquer (les données financières analysées).

Les analystes financiers ont vu leur importance croître avec

Ainsi, l’analyse financière remplit une fonction d’information auprès des épargnants (individuels ou collectifs) qui souhaitent investir sur le marché des actions (petites/moyennes/grandes capitalisations, en France/Europe/Etranger).

En France, la Loi de sécurité financière (1er août 2003) donne pour la première fois une définition juridique de cette profession: «exerce une activité d’analyse financière toute personne qui, à titre de profession habituelle, produit et diffuse des études sur les personnes morales faisant appel public à l’épargne, en vue de formuler et de diffuser une opinion sur l’évolution prévisible desdites personnes morales et, le cas échéant, sur le prix des instruments financiers qu’elles émettent.»

1.2.2 La formation des analystes

Les analystes financiers sont titulaires d’un diplôme de la CFAF en France, le certificat international est le CIIA(web.aciia.org). On comptait en France en 2002 1150 analystes financiers, majoritairement des hommes et des jeunes de moins de 35 ans.

On distingue les analystes sell-side qui appartiennent à des sociétés indépendantes et qui sont rémunérés par la vente de leur conseil (certains sont aussi rémunérés par les frais de courtage liés aux transactions sur le marché boursier) et les analystes buy-side qui travaillent pour le compte d’une société financière (banque, assurance, société de gestion).
A lire
- Cette section s’inspire d’un article "à quoi servent les analystes financiers ? "de E. Bayle et M. Schwartz, publié dans la Revue d’Economie Financière, n°81 (http://www.aef.asso.fr/)

1.2.3 L'analyste un intermédiaire entre les sociétés et les investisseurs

Question : Quels est le rôle des analystes financiers ?

Explicitez, à partir du schéma suivant le rôle de l'analyse financière


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1.3 Valeur de l'entreprise et cours boursier

Important : Attention à ne pas confondre la valeur de l'entreprise que nous cherchons à calculer et la valeur boursière.

1.3.1 Pourquoi ?

A vous : Quels sont selon vous les éléments qui influencent la formation d’un cours ?

A lire : http://www.pse.ens.fr/orlean/depot/publi/CHA2005tREFL.pdf
"Réflexions sur l'hypothèse d'objectivité de la valeur fondamentale dans la théorie financière moderne", in Bourghelle D., Brandouy O., Gillet R. et A. Orléan (éds.), Croyances, représentations collectives et conventions en finance, Paris, Economica, coll. "Recherche en Gestion", 2005.

1.3.2 De l'efficience à la bulle Internet

- L’efficience informationnelle des marchés financiers traduit la capacité du cours boursier à transmettre les bonnes informations. La connaissance du cours suffirait à prendre les bonnes décisions. Les analystes financiers n’auraient aucune utilité.
- Le cours n’est malheureusement pas toujours efficient et les analystes financiers sont là pour aider l’investisseur dans ses choix.
- Le cours rend compte d’un équilibre qui dépend des offres et des demandes des échangeurs. Le prix peut dépendre non seulement de la valeur de la firme, mais encore de facteurs psychologiques (sur-réaction à certaines nouvelles) ou conventionnels (engouement collectif pour les titres de la Nouvelle Economie).



A débattre : et la Bulle Internet dans tout cela ?
On parlera de Bulle spéculative quand le cours diffère durablement de la valeur de l’entreprise, appelée valeur fondamentale. Ce phénomène est source d’instabilité pour l’économie. En effet, lors de l’effondrement de la Bulle, les investisseurs verront fondre comme neige la valeur de leur portefeuille : les prix des titres acquis baisseront, en deçà parfois de leur prix d’acquisition. Les détenteurs de titres consomment moins de bien et de service, les banquiers prêtent moins, les entreprises ont du mal à se financer et à vendre. C’est ce qu’il s’est passé pendant la bulle Internet entre 1998 et 2002.
Les analystes financiers ont contribué à la constitution de cette bulle en ayant sur-estimé le potentiel de croissance des firmes du secteur Internet. Cette critique, justifiée, a conduit les régulateurs (américains, européens et nationaux) à contrôler plus cette profession. Nous reviendrons sur ce point en conclusion de ce cours.

Des liens

France :
Belgique :
Hongrie :
Europe :

1.4 Le point de départ de l'analyse financière : la comptabilité

L’analyse financière part de la comptabilité et des documents fournis par les sociétés (compte de résultat, bilan, annexe). La comptabilité se base sur des principes qui déterminent les règles à respecter. La France a le Plan Comptable Général. Si le PCG met l'accent sur l'aspect patrimonial de l'entreprise, les normes IAS/IFRS s'intéressent à l'information financière.

Le conseil européen de mars 2002 a adopté un règlement rendant obligatoire à partir du 1er janvier 2005, l’application des normes comptables internationales pour l’établissement des comptes consolidés des sociétés européennes faisant appel public à l’épargne (7000 sociétés et leurs filiales).
Les sociétés non cotés et établissant des comptes consolidés peuvent sur option appliquer les normes de l’IASB (International Accounting Standards Board, 2001 avant IASC, 1973)
Les PME/PMI doivent appliquer les règles françaises (PCG)

Rappel : Les principes du PCG

Le principe général d’image fidèle et sincère relève d’un objectif général imparti à la comptabilité qui s’articule autour d’un ensemble de principes dont les plus importants sont:

- principe de primauté du droit sur le fait

Ce principe est directement hérité de la conception française traditionnelle juridique de la comptabilité: elle doit servir de preuve dans des relations économiques avec les tiers.

- principe de continuité d’exploitation

L’entreprise est un projet économique qui doit normalement se poursuivre. Le patrimoine doit être considéré non en cas de liquidation mais dans une optique de durée.

- principe de spécialisation des exercices

L’activité de l’entreprise est continue, le comptable découpe le temps en exercices indépendants, de manière conventionnelle.

- principe d’évaluation au coût historique

Les éléments du bilan et du compte de résultat sont enregistrés à leur coût d’achat.

- principe de nominalisme

Lié au précédent, le nominalisme implique que les évaluations des acquisitions sont maintenues constantes au cours du temps. La stabilité de la valeur monétaire vaut également pour les dettes.

- principe de prudence

Dissymétrie entre les charges (prise en compte dès que leur réalisation est probable) et les produits (comptabilisés quand ils sont réalisés). Entre deux évaluations, l’entreprise doit retenir la plus défavorable. Elles provisionnent systématiquement au cas par cas, sans prendre en compte d’éventuelles plus-values potentielles.

- principe de permanence des méthodes

Les mêmes règles comptables sont appliquées chaque année afin de permettre une comparaison année après année.

- principe de non compensation

Il est interdit de compenser des postes du bilan afin d’éviter toute perte d’information.

Principes anglo-saxons que l'on retrouve dans les normes IAS IFRS

- principe de primauté de la réalité économique

Les comptes ont pour finalité première de donner une information économique.

- évaluation au coût de remplacement

Les postes doivent être évalués non pas à leur coût d’achat historique mais à leur coût actuel.

Important :
Existe-t-il une seule valeur de l’entreprise ?
La comptabilité donne une image fidèle de l’entreprise mais elle est de nature conventionnelle. Ainsi, un changement de règle d’évaluation d’un poste induit une modification de la mesure de l’entreprise.

En savoir plus

Les normes comptables:
Normes françaises: http://www.minefi.gouv.fr/directions_services/CNCompta/publications.htm
Normes belges: http://www.cnc-cbn.be
Normes hongroises: http://www2.pm.gov.hu
Normes américaines: www.fasb.org
Norme IFRS: http://europa.eu.int/comm/internal_market/accounting
Normes IASB: www.iasb.org.uk

L'analyse financière :
Lien incontournable: www.vernimmen.net
Vous y trouverez des exercices, des définitions, de la documentation sur l’analyse financière

1.5 Analyse et évaluer

Analyser et évaluer seront les deux mots qui guideront ce cours.

La comptabilité n'est pas un système de règles compliquées. Elle est avant tout un outil très particulier : un système d’information ayant pour objet de représenter l’entreprise. Elle obéit pour cela à un certain nombre de conventions. Deux documents résument ces informations : le compte de résultat qui traduit l’activité de l’année, le bilan qui indique le patrimoine accumulé.

Le conseil européen de mars 2002 a adopté un règlement rendant obligatoire à partir du 1er janvier 2005, l’application des normes comptables internationales pour l’établissement des comptes consolidés des sociétés européennes faisant appel public à l’épargne (7000 sociétés et leurs filiales).
Les sociétés non cotés et établissant des comptes consolidés peuvent sur option appliquer les normes de l’IASB (International Accounting Standards Board, 2001 avant IASC, 1973)
Les PME/PMI doivent appliquer les règles françaises (PCG).

Toutefois, cela pourrait évoluer dans les années futures et les PME devraient à terme être soumises à ces normes (http://www.focusifrs.com/).

Dans la suite du cours, nous nous appuierons principalement sur les normes françaises (Plan Comptable Général 1999) puisqu'elles s'appliquent aux PME ; nous préciserons les grandes caractéristiques des normes IAS/IFRS.

Source : Ce chapitre s’appuie sur le très bon ouvrage de B. Colasse, Comptabilité Générale, Economica.

Conclusion

L’analyse financière s’appuie sur les documents comptables (compte de résultat et bilan) pour fournir une information pertinente aux investisseurs, principalement les investisseurs financiers. Elle permet à ces derniers d’allouer plus efficacement leur portefeuille. Cette activité s’est considérablement développée avec la financiarisation de l’économie. Il ne faudrait toutefois pas croire que l’analyse financière se limite à l’étude des sociétés cotées. Les analystes opèrent aussi sur le créneau des petites et moyennes entreprises en proposant des conseils à des sociétés de capital risque et à des fonds spécialisés pour les petites capitalisations (Fonds Commun de Placement pour l’Innovation).

Le cours sera organisé en 7 modules qui seront ouverts chronologiquement, semaine après semaine sur le site Comete.

J'assurerai une permanence informatique le mardi de 14h à 16h. Je vous invite à me poser toutes les questions sur le forum.

Vous aurez deux notes :
- un mini mémoire (10 pages) visant à un commentaire financier sur la base de documents comptables.
Ce mini mémoire portera sur une entreprise que vous aurez choisi. L'analyse s'appuiera sur les modules 2, 3 et 4.
Ce mini mémoire sera à me rendre fin janvier 2008.

- un partiel portant sur la totalité des modules (1-> 7) qui aura lieu en salle à la mi février 2008.

A retenir

- L’analyse financière est une activité informationnelle qui intervient en tant qu’intermédiaire entre les entreprises et les acteurs souhaitant investir. Elle permet de guider les choix d’investissement.

- L’analyse financière produit une évaluation de l’entreprise fondée sur les documents comptables.

- Le cours boursier n’est pas toujours égal à l’évaluation de l’entreprise. C’est cette différence qui permet de réaliser des profits sur le marché financier.

Exercices

Nous vous invitons à répondre de façon argumentée aux deux questions suivantes:

- Comment expliquez vous que le cours boursier puisse différer de la valeur de l’entreprise ? (voir la réponse)

- Existe-t-il une estimation unique de la valeur de la firme ? (voir la réponse)

QCM

Cliquez ici pour accéder au QCM