Chapitre
10 : GRH et internationalisation
Descriptif
Comment une PME-PMI doit-elle
aborder, quand c’est le cas une gestion internationale des ressources humaine
? Comment aborder dans ce cas le management interculturel ? Quelle situation
privilégiée dans certaines circonstances : un recrutement dans le pays d’accueil,
une expatriation ou une autre solution ?
Mots
clés
Gestion internationale des
ressources humaines, management interculturel, expatriation.
Temps
estimé : 5 à 6 heures
Plan
Introduction
10.1 Les champs d’intervention possibles de la GIRH et leurs limites
10.1.1. L’approche par les personnes
10.1.1.1 Les experts
10.1.1.2
Les expatriés
10.1.1.3 Les exposés
10.1.2. Les différentes situations d’internationalisation
10.1.3. Les limites
10.2 La prise en
compte du management interculturel dans la pratique de la GIRH
10.2.1 L’approche universaliste
10.2.2 L’approche interactionniste
10.2.3 L’approche institutionnaliste
10.2.4 L’approche culturaliste
10.2.5 Les quatre dimensions de la culture (hofstede, 1980)
10.2.6 Les limites
de l’approche culturaliste
10.2.6.1
Véhicule d’une « mythologie » immuable et stereotypee
10.2.6.2 Un réductionnisme important
10.2.6.3 Occultation de l’importance des règles
10.2.6.4 Incapacité a rendre compte de certaines
réalités objectives
Conclusion
Pour aller plus loin
Exercice
Introduction
Théoriquement,
tous les domaines de la GRH peuvent être concernés pour les PME-PMI
à l’international. Cependant, concrètement cette pratique
est soumise à quelques exceptions liées à la nature du
produit exploité, au domaine d’activité, à la technologie
utilisée, à lataille et surtout à la nécessité
économique de procéder à une Gestion Internationale des
Ressources Humaines (GIRH).
Plusieurs PME-PMI, surtout à cause des coûts et de la complexité
des formalités, préfèrent exporter leurs produits, les
présenter ponctuellement à l’étranger lors de diverses
manifestations publiques (foires, expositions, salon, etc.)
Toutefois, lorsque la décision de la GIRH est acquise, celle-ci est
souvent limitée à l’expatriation.
10.1
Les champs d’intervention possibles de la GIRH et leurs limites
10.1.1. L’approche par les personnes
L’internationalisation des activités
de l’entreprise a des conséquences sur le travail de plusieurs
personnels. On
peut alors parler :
- d’experts
;
- d’expatriés
;
- et d’exposés.
10.1.1.1. Les experts
- Ils détiennent une compétence
spécifique dans l’entreprise ;
- Ils exercent leurs
activités là où elle est nécessaire quel
que soit le pays d’implantation de l’entreprise.
10.1.1.2.
Les expatriés
Ce sont des personnes envoyées
pour un temps relativement long dans une entité à l’étranger.
Ces personnes sont en général rémunérées
et gérées depuis la maison mère à laquelle ils
continuent d’appartenir. Deux raisons conduisent à leur utilisation
:
- le manque de compétence
dans l’entité à l’étranger ;
- la capacité de
la maison mère de fournir celle-ci.
La gestion des expatriés pose trois types
de problèmes : la sélection des personnes adéquates, la
gestion courante et la gestion de leur carrière et en particulier le
retour à la maison mère.
10.1.1.3. Les
exposés
Ce sont les personnes, localisées
dans leur pays d’origine. Ces personnes travaillent sur des problèmes
internationaux, avec des personnes et des référentiels totalement
internationaux. Exemple : un responsable du marketing français de la
filiale française d’une multinationale américaine.
10.1.2. Les différentes
situations d’internationalisation
Les situations d’internationalisation
peuvent s’apprécier selon une dichotomie :
|
Les personnes
ont la même culture ou nationalité que la maison mère |
Les personnes
n'ont pas la même culture ou nationalité que la maison
mère |
Localisation
dans le même pays que la maison mère |
I
GRH DOMESTIQUE |
III
IMPATRIES, TRANSPATRIES
|
Localisation
hors du pays que la maison mère |
II
EXPATRIES, EXPERTS |
IV
LOCAUX, TRANSPATRIES,
EXPERTS |
Le cadre II : c’est la situation
classique d’implantation à l’étranger.
Le cadre IV :
- Les experts sont des personnes
non nationales que la maison mère utilise dans un pays tiers.
- Exemple : telle entreprise belge
a dans sa filiale canadienne un expert pour l’Afrique centrale.
- Les « transpatriés »,
exemple : un indien envoyé par une entreprise américaine
en Russie pour y diriger sa filiale.
- Les « locaux » : ce
sont les personnes de nationalité locale qu’emploie la maison
mère.
- La gestion des impatriés
: l’entreprise peut avoir besoin de faire venir dans le
pays d’origine des compétences qu’elle ne possède
pas.
- Il peut aussi s’agir des personnels qui
ont besoin de passer un temps d’apprentissage et/ou "d’acculturation"
dans la maison mère avant de prendre des responsabilités localement.
10.1.3. Les limites
Pour les PME et les PMI,
les principales limites en terme de gestion internationale des ressources
humaines demeurentle coût et la taille.
En effet, l’exploration,
les études de marchés à l’international, sont des
opérations très onéreuses dont la plupart des PMEne peuvent
en supporter seules, les coûts.
En ce qui concerne la taille,
la plupart des PME sont de taille très modeste et se lancent généralement
dans des activitésdestinées aux marchés locaux.
10.2 La prise en compte du management interculturel dans la pratique
de la GIRH
Les
courants théoriques du management interculturel sont:
- l’approche
universaliste,
- l’approche
interactionniste,
- l’approche
institutionnaliste,
- l’approche
culturaliste.
10.2.1
L’approche universaliste
Lors
de l’internationalisation des entreprises dans les années 50 et 60, les recherches
sur les styles de management et d’organisation s’appuient sur la croyance
en l’existence de principes universels de gestion devant s’appliquer quel
que soit le contexte national.
Cette hypothèse de convergence repose sur l’idée d’une «logique de l’industrialisation».
Le progrès scientifique, avec pour résultat le développement de technologies
et de processus de production de plus en plus élaborés, doit conduire toutes
les sociétés industrialisées au même point; les sociétés se ressemblant de
plus en plus, une forme universelle d’organisation verra le jour.
10.2.2
L’approche interactionniste
Cette
approche, développée par les auteurs AOKI, CROZIER et REYNAUDcherche à comprendre
comment les individus construisent concrètement des particularités nationales,
inventent des règles du jeu pour articuler leurs intérêts.
S’il est admis que les règles, normes ou institutions propres à un pays influencent
les stratégies des acteurs, on cherche à expliquer la formation et le maintien
de ces règles comme le résultat d’actions individuelles rationnelles.
10.2.3
L’approche institutionnaliste
Développée
par MAURICE, SELLIER et SILVESTRE, c’est une tentative de synthèse qui se
caractérise par le soin apporté à l’analyse des institutions, règles ou normes
qui prévalent dans chaque pays.
Les décisions des individus sont éclairées par la mise en évidence du cadre
légal ou normatif dans lequel se trouvent les individus.
10.2.4
L’approche culturaliste
Pour
HOFSTEDE, D’IRIBARNE et OUCHI, les comportements individuels, les institutions
et les règles sont un simple produit de principes ou valeurs nationales.Dans
cette perspective, les intérêts individuels et les calculs économiques ne
sont pas importants. Les individus sont mus par un programme mental (orienté
par les valeurs nationales) dont ils sont prisonniers et qu’ils ne peuvent
pas modifier.
10.2.5
Les quatre dimensions de la culture (hofstede, 1980)
La
distance hiérarchique : degré de
centralisation de l’autorité et de l’acceptation de cette autorité par les
subordonnés.
Le contrôle de l’incertitude
: degré d’acceptation de l’incertitude
liée au futur ou de la volonté de réduire constamment la part de l’imprévisible.
L’individualisme :
degré de priorité donné à ses propres intérêts ou aux intérêts du groupe,
de la communauté, etc.
La masculinité
: degré d’adhésion à des valeurs «masculines» (réussite, ambition, dépassement,
argent, travail, esprit de décision, …).
10.2.6
Les limites de l’approche culturaliste
L’approche
culturaliste, dominante depuis les années 1980, a de nombreuses limites :
-
véhicule une «mythologie» immuable et stéréotypée,
-
un réductionnisme important,
-
l’occultation des variables économiques,
-
l’occultation de l’importance des règles,
-
incapacité à rendre compte pertinemment de certaines réalités objectives.
10.2.6.1 Véhicule
d’une « mythologie » immuable et stéréotypée
Les
culturalistes cherchent à établir une typologie de valeurs ou
logiques nationales «profondément ancrées dans l’histoire
des peuples», «éléments structuraux traversant les
siècles».
Valeurs de masculinité, etc. pour HOFSTEDE;
logique de l’honneur, du contrat, du compromis pour D’IRIBARNE.
Cela conduit à la définition de modèles nationaux stéréotypés
dont le mythe ne tient, en gestion, que le temps de la mode qui l’a
fait naître (modèle japonais, allemand, suédois, etc.).
10.2.6.2 Un réductionnisme
important
La
volonté de tout ramener à une même logique nationale, à des principes ou des
valeurs nationaux, occulte la mise en évidence de l’extrême diversité des
modes de gestion et d’organisation au sein d’un même pays.
Or il y a plus de différences entre les secteurs de l’imprimerie et de l’automobile
en France qu’entre des imprimeries françaises et britanniques.
10.2.6.3 Occultation
de l’importance des règles
Puisque
c’est la culture nationale qui serait à la base des règles, on peut se contenter
de n’étudier que celle-ci, sans se préoccuper de préciser les règles en jeu,
ni, ce qui est impensable ici, comment les individus se meuvent dedans et
«jouent» avec elles.
Par ailleurs on se rend compte que les règles changent au fil du temps (peu
compatible avec l’immuabilité de la culture qui leur donnerait naissance).
10.2.6.4 Incapacité
a rendre compte de certaines réalités objectives
Selon
l’interprétation culturaliste, parmi les quelques valeurs qui caractérisent
une culture nationale, certaines faciliteraient des comportements conflictuels.
Par exemple, selon HOFSTEDE, «les pays masculins (anglo-saxons) seraient plus
conflictuels que les pays féminins (pays scandinaves)». Une analyse pays par
pays laisse perplexe quant à cette hypothèse.
Conclusion
L’internationalisation
de l’économie et des entreprises a conduit ces dernières à s’interroger sur
la possibilité d’internationaliser leur GRH.
Après une tentative d’explication des difficultés rencontrées par la notion
de culture nationale, on se rend compte que ce sont d’abord les règles nationales
qui contraignent fortement les entreprises.
Dès lors, en attendant la création de règles sociales supranationales, les entreprises
internationales sont limitées à l’internationalisation de leurs pratiques de
GRH dans l’esprit (individualisation, évaluation, etc.) au sein de ces contraintes.
Seule l’expatriation reste le domaine privilégié d’une véritable GIRH.
Même si, on note cependant, une certaine constance entermes de facteurs de
convergence: NTIC, standardisation des systèmes de formation et développement
d’institutions supra-nationales (UE, OMC, OCDE, BCE etc.) et de facteurs
de divergence: intensification de la concurrence incitant à développer des
avantages concurrentiels s’appuyant sur les spécificités; incitation des entreprises,
régions et Etats à accroître leurs particularités locales (réglementation).
Pour
aller plus loin
L’approche
par les personnes
L’internationalisation
des activités de l’entreprise et des PME-PMI, en particulier a des conséquences
sur le travail de plusieurs personnels.
On peut alors parler :
d’experts
- Ils détiennent
une compétence spécifique dans l’entreprise ;
- Ils exercent
leurs activités là où elle est nécessaire quel que soit le pays d’implantation
de l’entreprise.
d’expatriés
- Ce sont des
personnes envoyées pour un temps relativement long dans une entité à l’étranger
;
- Ces personnes
sont en général rémunérées et gérées depuis la maison mère à laquelle ils
continuent d’appartenir.
- Deux raisons
conduisent à leur utilisation :
- le manque
de compétence dans l’entité à l’étranger ;
- la capacité
de la maison mère de fournir celle-ci.
- Leur gestion
pose trois types de problèmes :
- la sélection
des personnes adéquates ;
- la gestion
courante ;
- la gestion
de leur carrière et en particulier le retour à la maison mère.
d’exposés
- Ce sont les
personnes, localisées dans leur pays d’origine.
- Ces personnes
travaillent sur des problèmes internationaux, avec des personnes et des référentiels
totalement internationaux.
- Exemple : un
responsable du marketing français de la filiale française d’une multinationale
américaine.
Les
situations résultant de l’internationalisation
Les
situations d’internationalisation peuvent s’apprécier selon une dichotomie :
- des personnes qui sont ou non de la même culture ou nationalité
que la maison mère ;
- des lieux d’exercice de l’activité qui se situent ou non
dans le pays de la maison mère.
Le
cadre II : situation classique d’implantation à l’étranger ;
Le
cadre IV :
- Les experts sont des personnes non nationales que la maison
mère utilise dans un pays tiers.
- Exemple : telle entreprise belge a dans sa filiale canadienne
un expert pour l’Afrique centrale.
- Les « transpatriés ». Exemple : un indien envoyé par une
entreprise américaine en Russie pour y diriger sa filiale.
- Les « locaux » : ce sont les personnes de nationalité locale
qu’emploie la maison mère.
Le
cadre III :
- La gestion des
impatriés : l’entreprise peut avoir besoin de faire venir dans le pays d’origine
des compétences qu’elle ne possède pas.
- Il peut aussi
s’agir des personnels qui ont besoin de passer un temps d’apprentissage et/ou
d’acculturation dans la maison mère avant de prendre des responsabilités localement.
Les distances
L’internationalisation
des activités = notion de distance à différents niveaux : géographique, culturelle,
structurelle.
A. LA
DISTANCE GEOGRAPHIQUE = problème
de la relation managériale et de la localisation des activités de gestion.
B. LA
DISTANCE STRUCTURELLE : comment
doit être organisée la fonction de GIRH ? Qui doit organiser quoi à quel niveau
?
C. LA
DISTANCE CULTURELLE (Hofstede,
1980)
Les 4 dimensions de la culture
(Hofstede, 1980)
- La distance
hiérarchique : degré de centralisation de l’autorité et de l’acceptation de
cette autorité par les subordonnés.
- Le contrôle
de l’incertitude : degré d’acceptation de l’incertitude liée au futur ou de
la volonté de réduire constamment la part de l’imprévisible.
- L’individualisme
: degré de priorité donné à ses propres intérêts ou aux intérêts du groupe,
de la communauté, etc.
- La masculinité
: degré d’adhésion à des valeurs "masculines" (réussite, ambition, dépassement,
argent, travail, esprit de décision, …) ou "féminines".
Les
4 dimensions de la culture (Hofstede, 1980)
- L’individualisme
: degré de priorité donné à ses propres intérêts ou aux intérêts du groupe,
de la communauté, etc.
- La masculinité
: degré d’adhésion à des valeurs "masculines" (réussite, ambition, dépassement,
argent, travail, esprit de décision, …) ou "féminines".
Les
limites de l’approche culturaliste
L’approche culturaliste,
dominante depuis les années 1980, a de nombreuses limites :
- Véhicule une « mythologie » immuable et stéréotypée.
- Un réductionnisme important.
- L’occultation des variables économiques.
- Incapacité à rendre compte pertinemment de certaines réalités
objectives.
Exercice
Etude de cas
Etude
de cas: la clinique les roses
La
clinique «LES ROSES» est une PME implantée dans le Sud de
la France. Elle compte quinze médecins et cinquante infirmières.
L’année dernière, dans le cadre du jumelage avec la ville
espagnole voisine, il a été implanté dans la ville espagnole
frontalière une nouvelle unité, certes plus modeste mais appelée
à terme à répondre exactement aux mêmes besoins que
ceux auxquels répondent actuellement l’entité française.
Les deux unités sont distantes de 50 kilomètres.
Le Directeur de la clinique, un français âgé d’une
cinquantaine d’années, est parfaitement bilingue (français/espagnol).
Côté français, 7médecins sur les 15 de la clinique
le sont aussi; tout comme 20 infirmières sur 50 de l’établissement.
L’unité espagnole a démarré avec 5 médecins
espagnols dont aucun n’est bilingue et 20 infirmières dont 5 seulement
maîtrisent parfaitement le Français.
Très régulièrement, la clinique «les Roses»
est souvent débordée et ce sont des médecins et des infirmiers
libéraux italiens (très nombreux dans la région), très
compétents trilingues (italien/français/espagnol) qui interviennent
comme vacataires.
Deux médecins et deux infirmières dans ce cas, seraient intéressés
pour rejoindre le personnel de la clinique si les conditions de leur recrutement
étaient «sérieusement étudiées».
En principe dans les trois années à venir, l’unité
espagnole devra fonctionner selon le même régime que la française.
Par ailleurs, le matériel médical de pointe, pour l’instant
uniquement en France, le matériel équivalent sera présent
en Espagne dans trois ans.
Question
:
Vous
êtes actuellement stagiaire au département des Ressources Humaines.
Le Directeur des Ressources Humaines de la clinique « LES ROSES »,
confronté à ce problème de gestion internationale des ressources
humaines (GIRH), vous demande pour l’aider, de lui proposer un rapport
synthétique et complet sur les solutions envisageables, en vue de régler
efficacement la GIRH de son établissement d’ici les trois années
à venir.
Corrigé
Vous trouverez ici les éléments de corrigé de l'étude
de cas.