Lorsque nous observons un graphe de série chronologique,
mentalement nous déduisons une tendance. Notre but ici est de donner
des méthodes de calcul simple permettant de connaître avec le maximum
de précisions la tendance à moyen terme de la chronique. Pour estimer
la tendance, plusieurs procédés élémentaires viennent à l'esprit.
En faisant par exemple le rapport des 2 valeurs extrêmes, un pourcentage
total d'augmentation est calculé, ce qui nous permet de définir
un accroissement mensuel moyen. Le choix des observations extrêmes
est arbitraire. Il ne s'impose pas : d'autres observations pourraient
être sélectionnées. De plus, on est certain de ne pas tirer le meilleur
parti de l'historique, puisqu'un grand nombre de valeurs sont ignorées,
en ne prenant que deux observations.
Afin de mieux estimer la tendance, il est nécessaire
de faire appel à la statistique mathématique qui fournit un certain
nombre d'outils de calcul.
Tendance par moyenne mobile
Nous avons défini précédemment ce qu'est une moyenne
mobile et son effet de lissage sur les courbes. En retenant un ordre
de moyenne mobile élevé, nous réduirons les fluctuations de la chronique
(plus l'ordre est élevé, plus les fluctuations de la courbe lissée
sont amorties).
Les moyennes mobiles présentent deux défauts en
tant que technique pour la détermination de la tendance :
1°) elles conduisent à une série plus
courte que la série traitée. La tendance n'est obtenue que pour
la période allant de la (m + 1)-ième observation à la
(n - m)-ième.
2°) aucun principe n'apparaît naturellement
pour l'extrapolation d'une tendance déterminée par moyenne mobile.
Si l'on veut faire des projections, il faut introduire un modèle
plus explicatif pour la représentation de la tendance.
Aussi les moyennes mobiles sont-elles employées
soit dans des travaux purement descriptifs d'histoire économique,
soit lorsqu'il s'agit d'éliminer (c'est-à-dire soustraire terme
à terme) la tendance en vue de l'étude de telle ou telle particularité
de la composante résiduelle, par exemple en vue de l'étude des cycles
de l'activité.
Tendance par régression
Le but est d'estimer une tendance à l'aide d'un
polynôme :
...
En retenant un polynôme de degré 1 :
, on considère que la tendance est linéaire (voir
graphique ci-dessous) et peut être représentée à l'aide d'une droite
correspondant à l'ajustement des moindres carrés.
Le but est d'estimer la tendance à long terme de
la chronique à l'aide d'une droite (ou par un polynôme de degré
plus élevé) estimée par un ajustement des moindres carrés. La technique
des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) fournit non seulement les estimateurs
de a1 et a0 respectivement notés â1 et â0, mais aussi les écarts-types
des coefficients et permet ainsi d'effectuer les tests associés.
Cette méthode postule des paramètres a1 et a0 constants dans le
temps et la prévision porte le nom d'extrapolation de la chronique.
Elle reste utile pour estimer les tendances "lourdes" des phénomènes
économiques, "toutes choses étant égales par ailleurs".
Les coefficients de ce polynôme sont estimés à l'aide
des formules suivantes :
Les tableurs fournissent directement, par l'appel
de fonctions statistiques, les estimations de cette droite de tendance.
L'équation de la droite ajustée est : Tt
= 243,39 t + 4986,32
Par rapport à une valeur d'origine de 4986,32, les ventes augmentent
- en moyenne sur la période - de 243,39 unités par mois. La prévision
consiste donc à extrapoler cette tendance d'évolution.
Le choix du degré de polynôme dépend de plusieurs
critères :
l'horizon de prévision,
les ruptures de tendance dans la "vie" du produit,
l'historique disponible.
Les fonctions du tableur (insertion d'une courbe
de tendance) permettent d'estimer différentes formes de fonctions.
L'avantage de la méthode d'estimation de tendance
par régression réside dans sa facilité et sa souplesse d'utilisation
(choix du degré de polynôme). Cependant ce modèle connaît deux limites
fortes :
il utilise le temps comme unique variable de
synthèse,
les paramètres estimés sont fixes sur la totalité
de la période.