La prévision recouvre un ensemble de méthodes très
diverses qui ont en commun de chercher à réduire l'incertitude liée
à la non–connaissance du futur. Pour l'entreprise, l'enjeu est important
même si sa capacité d'action volontaire est forte, elle ne peut
se soustraire à l'évolution de son environnement. La décision est
difficile car elle risque d'être coûteuse si les prévisions sur
lesquelles elle est fondée sont infirmées.
On comprend donc que certaines firmes consacrent
des efforts non négligeables à élaborer des prévisions.
Tout comme les besoins, les méthodes sont multiples
et d'inspirations très différentes. Trois critères permettent de
distinguer les types de prévision :
la période : le court, le moyen ou le long terme.
la finesse : micro–économique (firme, marché,
secteur), ou macro–économique (secteur, branches, grands agrégats
de la comptabilité nationale).
la technique : qualitative (appel au jugement
humain) ou quantitative (formalisation et estimation statistique).
Mise en situation...
Pourquoi des modèles ?
Nombreux sont ceux qui élaborent des prévisions
de toutes sortes. Peu de personnes cependant reconnaissent qu'une
certaine structure logique, ou modèle, est implicite dans toute
prévision, ou dans toute analyse d'un système social ou physique.
Considérez, par exemple, un analyste financier qui vous dit que
l'indice de la bourse sera à la hausse l'année prochaine. Il peut
faire cette prévision parce qu'il a vu l'indice augmenter durant
les dernières années, et pense que, quelles que soient les raisons
qui le faisaient croître dans le passé, celles–ci continueront à
agir dans le futur.
Par ailleurs, il peut penser que l'indice augmentera
l'année prochaine parce qu'il est en relation avec un ensemble de
variables économiques et politiques à travers des relations complexes.
Par exemple l'analyste financier imagine que l'indice est lié d'une
certaine façon au produit national brut, au résultat de l'entreprise
et aux taux d'intérêt, si bien qu'à partir d'hypothèses très probables
concernant l'évolution future de ces variables, il est amené à envisager
comme vraisemblable une hausse de l'indice.
Si un mot doit décrire cette méthode de prévision,
nous dirons qu'il s'agit d'intuition, bien que les modalités de
raisonnement diffèrent dans les deux cas cités plus haut. L'analyste
financier ne dira sûrement pas que la prévision a été établie à
partir d'une modélisation des cours de bourse : aucune équation
n'a été écrite. Néanmoins, il a établi une sorte de modèle implicite.
Si l'analyste financier a établi sa prévision optimiste sur l'indice
à partir des taux de croissance du passé, il a bâti un modèle d'extrapolation
de série chronologique. S'il fonde sa prévision sur une connaissance
des relations économiques, il a construit, implicitement, un modèle
économétrique.
Même inconsciemment, le prévisionniste intuitif
construit implicitement des modèles. Une question se pose alors
: pourquoi les construire explicitement, les estimer et les tester
statistiquement ? Plusieurs raisons incitent à cette démarche de
modélisation.
Tout d'abord cela force l'individu à établir clairement
et à estimer les inter–relations sous–jacentes. Ensuite, la confiance
aveugle dans l'intuition peut amener à l'ignorance de liaisons importantes
ou à leur mauvaise utilisation.
De plus, des relations marginales mais néanmoins
explicatives, qui ne sont qu'un élément d'un modèle global, doivent
être testées et validées afin de les mettre à leur véritable place,
ce qui n'est pas fait dans la prévision intuitive.
Enfin, il est nécessaire de fournir en même temps
que la prévision une mesure de la confiance que l'utilisateur peut
avoir en celle–ci, c'est–à–dire la précision que l'on peut en attendre.
Là encore, l'utilisation de méthodes purement intuitives exclut
toute mesure quantitative de la fiabilité d'une prévision.
Ce que contient ce cours
Ce cours a pour objectif de présenter les différents
modèles d’analyse des séries chronologiques ainsi que les méthodes
d’estimation. Nous traitons deux approches :
des méthodes extrapolatives, le cas univarié,
consistant à dégager dans la série elle-même un certain nombre
de composantes que l'on peut prolonger dans le futur,
des méthodes explicatives, le cas multivarié,
recherchant des liaisons entre la série à prévoir et des séries
explicatives, à travers les calculs de corrélation.
Chaque partie théorique est illustrée d’applications
sur le tableur Excel (des commentaires en grisé sur les cellules
facilitent la compréhension), d’exercices d’application que l’étudiant
doit effectuer par lui-même et enfin trois cas récapitulatifs issus
d’exemples réels permettent de synthétiser les différents acquis
du cours.
Un polycopié en ligne sert de support pédagogique.